Thomas Gauthier-Lang

CLH : Est-ce qu’il y a une sonorité typique dans l’improvisation de Bakarlari ?

Thomas : Je dirais qu’il y a des gestes, des sons qu’on aime et qu’on ramène dans différents contextes. Ce sont des éléments qui reflètent ce qu’on écoute, notre bagage personnel.

CLH : Tu penses que cette approche est propre à Bakarlari, ou plus généralement aux musicien·nes de musique contemporaine qui improvisent ?

Thomas : Je ne crois pas que cette approche est propre à Bakarlari, mais je crois qu’il y a différentes approches dépendant du contexte. Par exemple, je me souviens d’une analogie que Lori Freedman m’a partagée suite à un duo qu’on a fait; elle me disait qu’une première rencontre entre deux improvisateur·ices ressemblent souvent à un magasin de tissus – on se montre nos tissus et on charge des agencements.

CLH : Et au sein du groupe, y a-t-il un leader ou une hiérarchie ?

Thomas : Non, pas du tout. Il n’y a pas de chef·fes désigné. Le leadership passe dans les regards, la respiration, les sons. Il y a un échange de leadership, mais ce n’est pas planifié. C’est très organique.

CLH : Pour toi, y a-t-il un son typique de Montréal ?

Thomas : Oui, le son de la neige très froide qui crounch sous les bottes. Les montagnes de neige qui coupent la résonance; ça créer une sorte de silence,

CLH : Tu crois que cette géographie, ce paysage, influence votre musique ?

Thomas : Oui, même inconsciemment. On est le résultat de ce qu’on entend tous les jours, même si on ne le réalise pas.

CLH : Et tu dirais que votre activité musicale est importante pour la ville ?

Thomas : J’ai mis du temps à le voir, mais oui. À travers mon enseignement, mes propositions de création et d’écoute, je pense que je contribue à quelque chose ici.

CLH : L’audience ici est-elle différente de celle d’ailleurs ?

Thomas : Oui. Je sens toujours une chaleur accueillante provenant de notre communauté ici. J’ai aussi envie de croire qu’un audience n’est pas monolithique.

CLH : Est-ce que tu vois un lien entre improvisation et liberté ?

Thomas : Oui, mais pas comme un grand vide de liberté totale. Mon langage improvisé, c’est un tiroir pêle-mêle. Et la liberté se trouve dans les interstices entre les éléments. Il y a une tension entre stratégie et lâcher-prise, entre ce qu’on prépare et ce qu’on laisse arriver.

CLH : Si tu devais supprimer un des trois termes – composition, concept ou improvisation – lequel ?

Thomas : Peut-être « composition ». C’est celui qui m’inspire le moins dans ce contexte-là.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices ?

Thomas : Le fait de se retrouver dans une forme de chaos et d’essayer d’en faire quelque chose de beau ensemble. C’est aussi très intime d’entendre les sons que l’autre aime. On accède à une part profonde de l’autre.

CLH : Et ce qui les divise ?

Thomas : Les absolus. Quand on commence à dire « ça, c’est de l’impro » ou « ça, ça n’en est pas », ça peut créer des divisions. Il faut rester ouvert.

CLH : Ton son préféré ?

Thomas : Le clac-clac des talons hauts sur le marbre. C’est puissant, statuaire.

CLH : Une note spéciale pour toi ?

Thomas : Non. Toutes les notes ont leur place, leur valeur.

CLH : Un intervalle favori ?

Thomas : Les octaves. J’aime les grands sauts. Quand je compose, je commence souvent avec des octaves. C’est une manière de créer un espace dans la mélodie; il y a tellement de possibilités à l’intérieur des octaves.

Marilène Provencher-Leduc

https://marileneprovencherleduc.com

CLH : Marilène, quelle sonorité est typique pour les improvisations de Bakarlari ?

Marilène : Récemment, on a beaucoup exploré les espaces réverbérants, comme les chapelles. Quelque chose de lourd, large, dans la durée. Et pas mal d’électronique aussi. Mais ça dépend vraiment des projets.

CLH : Et pour l’improvisation en groupe, vous avez une approche particulière ?

Marilène : On travaille souvent avec des compositeur·ices qui écrivent des parties solo, et ensuite on improvise en groupe. Mais c’est encore nouveau pour nous. On est plus habitué·es à la musique écrite. L’impro, on apprend à le faire ensemble. Il n’y a pas encore une seule direction. Emilie serait mieux placée pour en parler, c’est elle qui dirige surtout.

CLH : Et dans la musique, il y a une hiérarchie ?

Marilène : Non, pas du tout. Dans la musique, c’est égal. Pas de chef·fes.

CLH : Y a-t-il un son qui, pour toi, est typique de Montréal ?

Marilène : Le silence après une tempête de neige. Tout est absorbé. Il n’y a plus de réverb. On se sent vraiment québécois dans ces moments-là.

CLH : Est-ce que la géographie influence votre musique ?

Marilène : Oui. La nordicité, le Nord, la noirceur, le temps qui s’étire… tout ça influence notre écoute, notre rapport aux sons, et aux autres aussi.

CLH : Est-ce que l’activité de Bakarlari est importante pour Montréal ?

Marilène : Je pense que oui. Montréal est très ouverte à plein de groupes, mais un collectif de solistes, c’était nouveau. Ça apporte quelque chose.

CLH : Et le public à Montréal ?

Marilène : Ce que j’aime dans l’expérimental, c’est que ça rassemble les scènes francophones et anglophones. Contrairement à la musique classique où c’est assez séparé. C’est un beau mélange ici.

CLH : Quel est le lien entre improvisation et liberté ?

Marilène : C’est essentiel. En impro, j’ai envie de me sentir libre, mais aussi de connecter avec la liberté des autres. En musique écrite, c’est différent. Cette relation-là entre les libertés individuelles, c’est unique à l’impro.

CLH : Si tu devais supprimer un mot parmi composition, concept, improvisation ?

Marilène : Je dirais « concept ». Parce que parfois, le concept est juste un contenant vide.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices ?

Marilène : L’écoute. Le moment présent.

CLH : Et ce qui divise ?

Marilène : L’ego. Vouloir briller, jouer sa technique sans écouter… ça isole. Mais il ne devrait pas y avoir de division.

CLH : Ton son favori ?

Marilène : Les whistle tones à la flûte. Des sons doux, entrecoupés, organiques.

CLH : Une note spéciale pour toi ?

Marilène : Le do central. C’est la tonique, ça résonne bien. Satisfaisant.

CLH : Un intervalle particulier ?

Marilène : Peut-être la sixte. Majeure ou mineure. Elle me mélange, surtout selon comment on la pense, par en haut ou en bas, les renversements…

Bakarlari

https://linktr.ee/Bakarlari

(Deutsche Version hier)

Fondé en 2018 par la trompettiste Émilie Fortin, le collectif Bakarlari est né d’une volonté de faire découvrir la musique contemporaine et nouvelle en version solo dans le but avoué de créer un nouveau canon musical, en jouant et rejouant des œuvres souvent peu – ou pas – connues du public. Travaillant en étroite collaboration avec des compositeurs.trices d’ici et d’ailleurs, ses membres sont toujours désireux.ses de repousser les limites techniques de leurs instruments et de découvrir de nouvelles sonorités.
Avec plusieurs improvisateurs-trices expérimentés-es, Bakarlari aborde également l’improvisation collective comme une source permanente de développement du vocabulaire propre à chaque interprète.

Bakarlari représente ici la jeune génération de musicien·ne·s de Montréal qui s’engagent activement dans la pratique de l’improvisation. Les projets sont conçus à la base par Émilie Fortin, puis réalisés collectivement avec les musicien·ne·s associé·e·s au pool de Bakarlari.

Interviews:


english:

Founded in 2018 by trumpeter Émilie Fortin, the collective Bakarlari was born of a desire to showcase contemporary and new music in solo versions with the avowed aim of creating a new musical canon, playing and replaying works that are often little-known – or not yet known – to the public. Working in close collaboration with composers from near and far, its members are always keen to push back the technical limits of their instruments and are eager to discover new sounds.
With several experienced improvisers, Bakarlari also approaches collective improvisation as an ongoing source of development of each performer’s own vocabulary.


deutsch:

Das 2018 von der Trompeterin Émilie Fortin gegründete Kollektiv Bakarlari entstand aus dem Wunsch, zeitgenössische und neue Musik in Soloversionen zu präsentieren, mit dem erklärten Ziel, einen neuen musikalischen Kanon zu schaffen, indem es Werke spielt und wiedergibt, die der Öffentlichkeit oft wenig oder noch gar nicht bekannt sind. Die Mitglieder des Ensembles, die eng mit Komponisten aus nah und fern zusammenarbeiten, sind stets bestrebt, die technischen Grenzen ihrer Instrumente zu erweitern und neue Klänge zu entdecken.
Mit mehreren erfahrenen Improvisatoren betrachtet Bakarlari die kollektive Improvisation auch als eine ständige Quelle für die Entwicklung des eigenen Vokabulars jedes Interpreten.

Bakarlari repräsentiert hier die jüngere Generation von Musiker_innen Montréals, die sich intensiv mit Improvisation auseinander setzen. Die Projekte werden grundsätzlich von Émilie Fortin entworfen und dann gemeinsam mit den angefügten Musiker_innen des Bakarlari-Pools umgesetzt.

Interviews:

Émilie Fortin

CLH: Denkst du, man würde Bakarlari beim Hören erkennen?

Émilie: Man würde auf jeden Fall die Solist_innen erkennen, weil jede_r eine sehr eigene Stimme hat. Aber als Ensemble, haben wir wahrscheinlich noch keine einheitliche Klangsignatur.

CLH: Und die Organisation? Ist das ein Kollektiv?

Émilie: Ich habe die künstlerische Leitung, also habe ich das letzte Wort, aber alle Ideen sind willkommen. Es ist ein Solist_innen-Ensemble mit variabler Besetzung: die Musiker_innen wechseln, je nach Projekt.

CLH: Gibt es für dich einen typischen Klang von Montréal?

Émilie: Montréal ist sehr experimentell, auch stark elektroakustisch geprägt. Es gibt eine echte Vielfalt. Es ist eine Stadt, in der jede_r seine Szene finden kann. Für mich ist sie freier als Toronto und lebendiger als New York.

CLH: Und beeinflusst diese Geografie, diese Atmosphäre eure Praxis?

Émilie: Ja. Montréal zieht viele Menschen an, hier entstehen die Verbindungen. Für mich war es ein Traum, hierherzukommen – aus meiner kleinen Heimatstadt. Man spürt, dass hier alles passiert.

CLH: Ist Bakarlari wichtig für Montréal?

Émilie: Ich hoffe es. Soweit ich weiß, sind wir das einzige Solist_innen-Kollektiv. Die Idee ist, dem Individuum Raum zu geben, in der Co-Kreation mit Komponist_innen. Nicht nur ein Stück zu spielen, sondern wirklich mit der Verbindung von Instrument und musikalischer Persönlichkeit zu arbeiten.

CLH: Und die künstlerische Identität der Gruppe?

Émilie: Es ist genau dieser Mix aus Solo, Improvisation und durchdachter Inszenierung. Es ist nicht einfach eine Reihe von Solos wie bei einem klassischen Recital. Wir schaffen ein Erlebnis: mit Licht, visuellen Elementen, Übergängen ohne Pause, einem verbindenden Thema.

CLH: Wie ist das Publikum in Montréal?

Émilie: Sehr neugierig, aber oft selbst Musiker_innen. Hier besucht jede Sparte ihre eigene Szene. Aber es gibt viele Überschneidungen zwischen den zeitgenössischen und improvisierten Szenen. Reihen wie Mardi Spaghetti oder Mercredi Musique helfen, eine Community zu bilden – oft eher noise- oder DIY-orientiert als klassisch.

CLH: Ist das anders als in anderen Städten?

Émilie: Ja, Montréal ist klein und sehr gemeinschaftlich. Man trifft oft dieselben Leute. Es ist ein enges Netzwerk.

CLH: Und der Zusammenhang zwischen Improvisation und Freiheit?

Émilie: Freiheit bedeutet, man selbst zu sein, sich so zu zeigen, wie man ist. In der Improvisation ist jedes Mal ein neues Aufeinandertreffen. Es ist ein Raum, um sich ohne Selbstzensur auszudrücken.

CLH: Wenn du einen der Begriffe streichen müsstest – Komposition, Konzept oder Improvisation?

Émilie: Ich schwanke zwischen Komposition und Improvisation. Manchmal finde ich, dass zeitgenössische Kompositionen zu komplex sind, um wirklich geteilt zu werden. Umgekehrt kann Improvisation ein echter Raum für Co-Kreation sein. Also vielleicht würde ich die Komposition streichen … aber das ist schwer!

CLH: Was vereint Improvisator_innen?

Émilie: Der Spaß, das Spiel, eine fast kindliche Freiheit wiederzufinden. Und was trennt sie? Das Ego. Wenn jemand keinen Raum lässt, nicht zuhört. Zuhören ist zentral.

CLH: Dein Lieblingsklang?

Émilie: Der Klang von Schlittschuhkufen auf Eis.

CLH: Eine besondere Note?

Émilie: Das tiefe D auf der Trompete. Es gibt mir viel Spielraum. Ich kann wirklich mit Vierteltönen arbeiten.

CLH: Ein Lieblingsintervall?

Émilie: Die Septimen. Vor allem die kleine, aber es kommt auf den Kontext an.

Thomas Gauthier-Lang

CLH: Gibt es für dich einen typischen Klang in der Improvisation von Bakarlari?

Thomas: Ich würde sagen, es gibt Gesten, Klänge, die wir mögen und die wir in verschiedenen Kontexten immer wieder einsetzen. Das sind Elemente, die widerspiegeln, was wir hören, was wir selbst mitbringen.

CLH: Denkst du, dieser Zugang spezifisch für Bakarlari ist oder trifft der allgemeiner für improvisierende Musiker_innen aus der zeitgenössischen Musik zu?

Thomas: Ich glaube nicht, dass das nur Bakarlari betrifft. Es gibt unterschiedliche Herangehensweisen, je nach Kontext. Ich erinnere mich an ein Bild, das Lori Freedman mir nach einem Duo gegeben hat: Sie sagte, ein erstes Treffen zwischen zwei Improvisierenden sei wie Geschäft mit Stoffen – man zeigt sich gegenseitig seine Stoffe und probiert Kombinationen aus.

CLH: Gibt es in der Gruppe eine Leitung oder Hierarchie?

Thomas: Nein, überhaupt nicht. Es gibt keine festgelegte Leitung. Führung entsteht durch Blicke, Atmung, Klänge. Die Führung wechselt, aber nicht geplant – das ist sehr organisch.

CLH: Gibt es für dich einen typischen Klang von Montréal?

Thomas: Ja – das Geräusch von sehr kaltem Schnee, der unter den Stiefeln knirscht. Und die Schneehaufen, die den Nachhall schlucken – das erzeugt eine Art Stille.

CLH: Denkst du, dass diese Geografie, diese Landschaft eure Musik beeinflusst?

Thomas: Ja, selbst unbewusst. Wir sind das Ergebnis dessen, was wir jeden Tag hören, auch wenn wir das gar nicht so wahrnehmen.

CLH: Ist eure musikalische Tätigkeit deiner Meinung nach wichtig für die Stadt?

Thomas: Ich habe eine Weile gebraucht, um das zu erkennen, aber ja. Durch meine Lehrtätigkeit, durch meine Vorschläge in der künstlerischen Arbeit und im Hören glaube ich, dass ich hier etwas beitrage.

CLH: Ist das Publikum hier anders als anderswo?

Thomas: Ja. Ich spüre hier immer eine herzliche Offenheit in unserer Community. Und ich will auch glauben, dass ein Publikum nie etwas Einheitliches ist.

CLH: Siehst du einen Zusammenhang zwischen Improvisation und Freiheit?

Thomas: Ja, aber nicht im Sinne eines großen Raums totaler Freiheit. Meine improvisatorische Sprache ist eher wie eine Wühlkiste – und die Freiheit liegt in den Zwischenräumen zwischen den Dingen. Es gibt eine Spannung zwischen Strategie und Loslassen, zwischen dem, was man vorbereitet hat, und dem, was man einfach geschehen lässt.

CLH: Wenn du einen der Begriffe streichen müsstest – Komposition, Konzept oder Improvisation – welchen?

Thomas: Vielleicht „Komposition“. In diesem Kontext spricht mich das am wenigsten an.

CLH: Was verbindet Improvisierende?

Thomas: Dass wir gemeinsam in einem gewissen Chaos stehen – und versuchen, daraus gemeinsam etwas Schönes zu machen. Es ist auch sehr intim, die Klänge zu hören, die jemand liebt. Man bekommt Zugang zu einem tiefen Teil der anderen Person.

CLH: Und was trennt sie?

Thomas: Absolutheitsansprüche. Wenn jemand sagt: „Das ist Improvisation“ oder „Das ist keine“, dann entstehen schnell Gräben. Man muss offen bleiben.

CLH: Dein Lieblingsklang?

Thomas: Das Klack-Klack von High Heels auf Marmor. Kraftvoll, statuarisch.

CLH: Eine besondere Note?

Thomas: Keine. Jede Note hat ihren Platz, ihren Wert.

CLH: Ein bevorzugtes Intervall?

Thomas: Oktaven. Ich liebe große Sprünge. Wenn ich komponiere, beginne ich oft mit Oktaven. Damit schaffe ich Raum in der Melodie – da steckt unglaublich viel Möglichkeit drin.

Marilène Provencher-Leduc

CLH: Marilène, welcher Klang ist typisch für die Improvisationen von Bakarlari?

Marilène: In letzter Zeit haben wir viel mit halligen Räumen gearbeitet – zum Beispiel in Kapellen. Etwas Schweres, Weitläufiges, das sich in der Zeit ausdehnt. Und auch ziemlich viel mit Elektronik. Das hängt immer vom jeweiligen Projekt ab.

CLH: Habt ihr eine besondere Herangehensweise an Gruppenimprovisation?

Marilène: Wir arbeiten oft mit Komponist_innen, die Soloparts schreiben, und danach improvisieren wir als Gruppe. Aber das ist für uns noch recht neu. Wir sind mehr an notierte Musik gewöhnt. Improvisation – das lernen wir gerade gemeinsam. Es gibt noch keine feste Richtung. Émilie könnte das besser erklären, sie übernimmt meist die Leitung.

CLH: Gibt es innerhalb der Musik eine Hierarchie?

Marilène: Nein, überhaupt nicht. In der Musik sind wir gleichberechtigt. Es gibt keine Leitungspersonen.

CLH: Gibt es für dich ein typisches Klangbild von Montréal?

Marilène: Der Moment der Stille nach einem Schneesturm. Alles wird geschluckt. Kein Nachhall mehr. In solchen Momenten fühlt man sich wirklich wie eine Québécoise.

CLH: Beeinflusst die Geografie eure Musik?

Marilène: Ja. Die nordische Landschaft, die Dunkelheit, die gedehnte Zeit – das alles prägt unser Hören, unseren Umgang mit Klang, auch miteinander.

CLH: Ist Bakarlari wichtig für Montréal?

Marilène: Ich glaube schon. Montréal ist offen für viele Gruppen, aber ein Solist_innenkollektiv war neu. Das bringt eine andere Perspektive ein.

CLH: Und das Publikum in Montréal?

Marilène: Was ich an der experimentellen Szene liebe, ist, dass sie die französisch- und englischsprachigen Szenen verbindet. Ganz anders als in der klassischen Musik, wo das oft getrennt bleibt. Hier entsteht eine schöne Mischung.

CLH: Was ist die Verbindung zwischen Improvisation und Freiheit?

Marilène: Sie ist grundlegend. In der Improvisation will ich mich frei fühlen, aber gleichzeitig auch mit der Freiheit der anderen in Kontakt treten. Das ist in notierter Musik anders. Diese Beziehung zwischen individuellen Freiheiten ist etwas ganz Eigenes der Impro.

CLH: Wenn du einen Begriff streichen müsstest – Komposition, Konzept oder Improvisation?

Marilène: Ich würde „Konzept“ streichen. Manchmal ist ein Konzept nur eine leere Hülle.

CLH: Was verbindet Improvisierende?

Marilène: Das Zuhören. Der Moment im Hier und Jetzt.

CLH: Und was trennt sie?

Marilène: Das Ego. Der Wunsch, zu glänzen, Technik zu zeigen, ohne auf die anderen zu achten… das isoliert. Aber eigentlich sollte es keine Trennung geben.

CLH: Dein Lieblingsklang?

Marilène: Die Whistletones auf der Flöte. Zarte, unterbrochene, organische Klänge.

CLH: Eine besondere Note für dich?

Marilène: Das mittlere C. Es ist die Grundlage, klingt rund. Sehr befriedigend.

CLH: Ein besonderes Intervall?

Marilène: Vielleicht die Sexte – groß oder klein. Sie verwirrt mich, je nachdem, ob man sie von oben oder unten denkt, in Umkehrungen…

Raphaël Guay

CLH : L’EMIQ, est-ce qu’il y a une image sonore particulière ?

Raphaël : C’est une bonne question. Je dirais que c’est une question de densité sonore. Il y a une texture compacte. C’est comme une addition d’idées très différentes, compressées ensemble. Ça crée quelque chose d’assez unique.

CLH : Est-ce que c’est une commune, un collectif ?

Raphaël : Pour moi, c’est un truc ouvert. Du début, c’était comme ça : pas de portes fermées. C’est une mise en commun, accueillante.

CLH : Et Rémi, est-ce qu’il a fondé ça ?

Raphaël : Je pense que oui. À la base, c’était des activités communautaires, ouvertes à tous. Peu à peu, c’est devenu un ensemble musical à part entière. Ça a commencé par des ateliers, puis il y a eu des projets en dehors de ces ateliers.

CLH : Tu dirais que c’est une approche artistique ?

Raphaël : Oui, absolument. L’identité, c’est justement ce mélange : comment les musicien·nes expérimentés réagissent à des sons inattendus. C’est créatif, vivant.

CLH : Et ce n’est pas fatigant parfois, pour les musicien·nes plus expérimentés ?

Raphaël : Non. Peu importe de qui ça vient, chaque son est un défi. Mon travail, c’est de le magnifier, de lui donner un sens. Pour moi, c’est pas un problème. Le résultat change, mais le processus reste le même.

CLH : Est-ce qu’il y a un son typique de Québec, ou une vibration ?

Raphaël : J’ai pas vraiment réfléchi à ça… mais il y a quelque chose qui m’a toujours fasciné : le canon de la Citadelle, en haut de la ville. Quand il tire, les oiseaux partent, puis les cloches des églises répondent. C’est comme une séquence sonore particulière à Québec.

CLH : La géographie, ça influence la musique ici ?

Raphaël : Peut-être. Historiquement, il y a la haute ville, la bourgeoisie, et la basse ville, le peuple. Et c’est en bas que la musique improvisée se passe. En haut, c’est plus classique. Ça a probablement un effet sur les lieux, sur qui participe. C’est fort, cette séparation ici.

CLH : Est-ce que l’EMIQ est important pour la ville ?

Raphaël : Oui, je pense. Quand j’ai commencé, il n’y avait pas d’ensemble organisé comme ça. Ça donne un souffle, ça regroupe les gens. Avant, l’impro à Québec, c’était des petites initiatives isolées.

CLH : Et le public ici, il est différent de celui de Montréal ou Rimouski ?

Raphaël : Difficile à dire. C’est souvent les mêmes gens qui reviennent. Y’a un certain chevauchement avec d’autres scènes, mais pas complet. Peut-être 30 à 50 % se recoupent. Les gens qui viennent sont curieux·ses, ouverts. C’est pas le public typique d’un concert de musique contemporaine.

CLH : Tu dirais qu’il y a un rapport entre la musique improvisée et la liberté ?

Raphaël : Oui. Je pense que la musique improvisée montre que la liberté, c’est pas dangereux. C’est une démonstration forte de ça. Et certains ne peuvent pas rester. J’ai vu des gens quitter, trop émus ou déstabilisés. Mais pour ceux qui restent, ça casse des barrières. Et ça montre aussi que la liberté peut créer une communauté.

CLH : Si tu devais supprimer un des mots suivants : composition, improvisation, concept ?

Raphaël : Composition, je pense. Selon ma définition du mot, ce serait celui-là.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble et qu’est-ce qui divise les musicien·nes dans l’EMIQ ?

Raphaël : Le sens de communauté rassemble. La volonté de faire quelque chose ensemble. Mais ce qui nous divise, c’est qu’on a tous des idées différentes sur ce que la musique devrait devenir. Et c’est aussi ça qui fait la richesse.

CLH : Est-ce qu’il y a parfois des tensions ?

Raphaël : Je les ai pas perçues. Peut-être que je suis naïf, mais j’ai pas vu de clans. Les gens ici sont très tolérants, je trouve.

CLH : Ton son favori ?

Raphaël : J’aime les métaux qui résonnent. En ce moment, c’est ça. Mais j’ai pas de son préféré fixe.

CLH : Et une note spéciale ?

Raphaël : Non, je pense pas. Je travaille en relatif, je m’attache pas à une note.

CLH : Un intervalle favori ?

Raphaël : La tierce mineure. Je trouve qu’on la boude trop souvent. Et avec les cloches, c’est un intervalle instable, parfois majeur, parfois mineur. Ça crée des couleurs magnifiques.

François Paquet

CLH : Y a-t-il une sonorité ou une image sonore propre à l’EMIQ ? Est-ce qu’on pourrait le reconnaître sur un enregistrement ?

François : Je pense que oui, et ça vient surtout de l’éclectisme des musicien·nes. On a des gens de backgrounds très différents : free jazz, classique, rock, performance, autodidactes ou ultra formés. Ce mélange-là colore vraiment le son. Ça change à chaque concert, parce que la formation varie tout le temps. Ce n’est jamais la même composition humaine, donc musicalement, c’est toujours nouveau et imprévisible.

CLH : Et malgré cette diversité, est-ce que ça donne une identité ?

François : Justement, c’est ça l’identité : l’absence de formule fixe. C’est ça qui rend la chose unique.

CLH : Qu’est-ce qui fait une bonne ou mauvaise soirée ?

François : Une bonne soirée, c’est quand on sent que les musicien·nes dialoguent vraiment. Mais même une soirée plus difficile peut être importante. Elle provoque des questions, des réflexions. L’auditeur·ices a aussi un rôle à jouer dans cette interaction.

CLH : Quelle est l’identité artistique de l’EMIQ pour toi ?

François : Pour moi, c’est un outil d’ouverture. C’est inclusif, ça donne accès à la musique improvisée, autant pour les musicien·nes que pour le public. Je le vois comme pédagogique, au sens de faire découvrir, pas de transmettre un savoir fixe. Même les musicien·nes expérimentés y apprennent quelque chose.

CLH : Et l’aspect collectif ?

François : C’est clair que Rémy est le moteur, mais c’est ouvert. Si je voulais organiser quelque chose sous le nom de l’EMIQ, je pourrais. Et avec musiquepasd’air, c’est complètement collectif, horizontal.

CLH : Y a-t-il une vibration, un son qui représente Québec pour toi ?

François : Pas un son précis, mais une ambiance : un calme bouillonnant. C’est une petite ville, mais il y a beaucoup de création. Ce n’est jamais oppressant, c’est à échelle humaine. Et même géographiquement, la distinction Haute-Ville / Basse-Ville a influencé l’organisation culturelle, même si ça tend à s’effacer.

CLH : Est-ce que l’activité d’EMIQ est importante pour la ville ?

François : Pour la grande ville, c’est marginal. Mais pour la communauté, c’est essentiel. Ça crée un espace de rencontre, ça nourrit le tissu social autant que musical.

CLH : Et l’audience à Québec, elle est différente ?

François : C’est une petite scène, très fidèle. À Québec, on connaît tout le monde. Il y a une proximité, une facilité de contact avec le public qui est très forte. C’est peut-être moins anonyme qu’ailleurs.

CLH : Quelle place a la liberté dans cette musique ?

François : Elle est fondamentale. La liberté de jouer, de ne pas jouer, de proposer ses propres règles. Même lorsqu’on se met des contraintes, c’est encore un acte libre. Et c’est ça qui rend cette musique pertinente.

CLH : Si tu devais supprimer un mot : composition, concept ou improvisation ?

François : Composition. C’est celui qui s’applique le moins à l’EMIQ.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble ou divise les improvisateur·ices ?

François : L’écoute, c’est ce qui rassemble. Et ce qui divise, c’est quand deux idées musicales ne veulent pas se rencontrer. Mais même ça, ça peut être intéressant à explorer. La division n’est pas toujours négative.

CLH : Ton son favori ?

François : Un son long, grave, charnu… un son avec du corps.

CLH : Une note spéciale ?

François : Ré. C’est la seule que je pouvais reconnaître sans repère. Peut-être à cause de l’Art de la fugue de Bach.

CLH : Un intervalle préféré ?

François : La quinte juste. J’aime son côté creux, ouvert. Et en tant que guitariste, c’est un intervalle familier et central.

MMV2005

CLH : Y a-t-il une image sonore de l’EMIQ, comme une signature reconnaissable ?

Mathieu 1 : Il y a souvent beaucoup de monde, chacun avec son instrument, sans que ce soit décidé par un chef·fes. Ça crée une couleur sonore particulière, un peu indéterminée, qui dépend de qui est là ce jour-là. Le roulement des gens fait partie de l’identité sonore.

Matthieu 2 : Même quand ce ne sont pas les mêmes personnes, ça sonne toujours comme le même groupe. Il y a une façon de jouer dans l’EMIQ, une écoute partagée. Les gens savent comment s’intégrer.

Mathieu 1 : Il y a aussi une grande diversité de participant·es, certains viennent de la musique classique, d’autres de la pop, d’autres sont improvisateur·ices ou amateurs. Ça donne des textures variées, parfois très maîtrisées, parfois plus brutes ou lo-fi. Pour ma part, j’aime prendre une place plus discrète et me laisser porter par ce qui se passe autour.

CLH : Donc, est-ce que la pratique de l’EMIQ permet à chacun de se présenter avec ce qu’il a à offrir ?

Matthieu 2 : Oui, c’est les gens qui font l’EMIQ. Quand j’y pense, je pense d’abord à des personnes, des visages. On joue ensemble juste dans ce contexte-là. Et quand de nouvelles personnes arrivent, ça s’intègre aussi facilement, même si le roulement est lent – Québec, c’est un grand petit village.

CLH : Est-ce que l’envie d’expérimenter agit comme un désir moteur?

Mathieu 1 : Toujours. Même si ce n’est pas dit explicitement, on vient là pour essayer. Comme quand on a joué avec une partition visuelle projetée, sans l’avoir vue avant. Il fallait lire, improviser, suivre la direction de Rémi. Très expérimental et formatif.

Matthieu 2 : On vient tous les trois des arts visuels. On adore se donner des contraintes pour stimuler l’improvisation. Et l’on continue de le faire avec l’EMIQ. Moi, je ne joue presque jamais deux fois le même instrument. J’aime toucher à tout, c’est comme ça que j’expérimente.

CLH : L’EMIQ est-il un collectif gouverné par un chef·fes ?

Vincent : Dans un grand groupe, c’est dur sans personne pour nous guider. Quelqu’un comme Rémi, aide beaucoup avec ses interventions. Il est instigateur du projet, mais la direction de celui-ci reste libre et ouverte.

Matthieu 2 : Quand il dirige, on sent qu’il cherche quelque chose. Et c’est agréable de participer à cette recherche.

Mathieu 1 : Il connaît bien les différentes pratiques des gens présents. Même quand un autre prend la direction – comme toi l’autre jour – c’est intéressant. Les contraintes peuvent venir de partout.

CLH : Y a-t-il un son typique de Québec ? Une vibration particulière ?

Matthieu 2 : Pas vraiment. Ce n’est pas comme une grande ville avec un bruit constant. Il y a des différences selon les quartiers.

Mathieu 1 : Il y a quelques années, on disait que Québec était la ville du métal. Il y avait beaucoup de spectacles dans des petits bars. Ça a diminué un moment, puis ça revient grâce à des gens comme Rémi et d’autres petits collectifs.

CLH : Est-ce important que l’EMIQ existe à Québec ?

Matthieu 2 : Oui. Ça crée des ponts entre différents milieux artistiques. Sans ça, chacun reste dans sa bulle – la musique, la poésie, les arts visuels ne se croisent pas tant que ça.

Mathieu 1 : Ça attire aussi des gens avec des modes de vie alternatifs et peut-être moins ceux qui ont un rythme de vis plus métro-boulot-dodo. Et ça permet à ceux qui n’oseraient pas forcément se confronter à un gros public d’aussi participer.

CLH : Et le public ?

Matthieu 2 : C’est souvent nous-mêmes ! Et nos ami·e·es. Mais aux gros événements, il y a plus de monde. Il y a des gens de tous âges, des curieux·ses, des habitués ainsi que des gens du milieu.

CLH : Qu’est-ce que la liberté dans cette pratique ?

Mathieu 1 : La liberté, c’est de pouvoir venir ou pas. Il n’y a pas d’obligation, pas d’exclusion. Ça, c’est précieux.

Vincent : Et quand tu viens, tu peux juste écouter, manipuler un objet, lire un poème. Tu n’as pas besoin de „montrer“ que tu es libre. C’est une liberté partagée, pas démonstrative.

CLH : Si l’on devait supprimer un mot : composition, improvisation, ou concept ?

Matthieu 1 : Composition !

CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices ?

Matthieu 2 : Le plaisir de jouer, de vivre un moment. Même si l’on ne se parle pas beaucoup avant ou après, on partage quelque chose. Comme un rituel.

Vincent : C’est comme aller à l’église. Tu viens, tu joues, tu parles un peu, puis tu pars. C’est ça, le lien.

CLH : Qu’est-ce qui vous „sort“ du jeu ?

Mathieu 1 : Parfois, quand quelqu’un prend trop de place. Mais ce n’est pas forcément négatif. Il faut juste savoir laisser l’espace vivre. Accepter de ne pas toujours être au centre.
Vincent : Trop de volonté ou de contrôle peuvent briser l’écoute. Moi, j’aime quand les choses fragiles émergent. Des sons qui naissent à peine ou sont sur le point de mourir.

CLH : Avez-vous un son préféré en ce moment ?

Mathieu 1 : Ces temps-ci, juste gratter doucement une corde, répéter le geste. Comme une médita

Fred Lebrasseur

CLH: Quel sonorité représente l’image sonore d’EMIQ?

Fred: J’entend un long son très dense en fréquence qui alterne avec des sons petits, variés et touffus.

CLH: Quel approche artistique fait l’identité du EMIQ?

Fred: l’ÉMIQ, fut créé par Rémy Bélanger de Beauport qui depuis, dirige l’organisation organique.
Son ouverture d’esprit et son désir de partager son art, comme de partager avec les divers types de musicien·nes, influence l’ensemble.
Des musicien·nes professionnels de la musique expérimental (ou improvisé, avangarde, actuelle…) comme des musicien·nes de classique, jazz, pop, rock qui ici s’exprime autrement. Ou encore des musicothérapeutes, des musicien·nes non professionnels qui jouent comme passe-temps ou même des enfants. Le tout basé sur l’improvisation et à géométrie très variable, de 5 à 35 personnes.

CLH: Est l’EMIQ un collectif?

Fred: On pourrait dire que oui. Rémy à presque toujours pris les rênes de l’ÉMIQ parce que quelqu’un devait le faire. Et il le fait si bien par la confiance que nous avons en lui, qu’il continue de le faire.

CLH: Quel bruit est typique pour Quebec?

Fred: Pour moi c’est le son de la grande cheminée (à gauche sur l’image) de l’usine la Daishowa inc ou Papiers White Birch.
Elle sonne comme un didgeridoo géant. On peut entendre sa note très grave, à des kilomètres, à l’intérieur d’un studio d’enregistrement!

CLH: La géographie et la societé içi, sont ils important pour la musique d’EMIQ?

Fred: C’est difficile à quantifier mais je suis sûr que oui. Les artistes de tous les arts s’influencent et s’inspirent entre eux.
Donc inévitablement l’architecture. Mais aussi l’environnement, l’hiver froid et très lumineux, la proximité du fleuve, une ville mais aussi de grands parcs comme les Plaines d’Abraham et…
Et le fait que divers gens de divers rangs sociaux (musicalement parlant) se rencontrent. Il y a beaucoup moins d’influence hiérarchique ici, qu’en Europe, par exemple.

CLH: Est l´activité d’EMIQ importante pour Quebec?

Fred: Je trouve que oui. Car en tout, je pense qu’il y a eu une cinquantaine de participant·es à l’ÉMIQ.
Déjà, juste pour nous qui y jouons c’est très important, ca nous permet un espace ludique pour converser, expérimenter et croiser nos chemins.
De plus, l’ÉMIQ ouvre beaucoup de portes aux nouveaux musicien·nes, leur donnant de l’expérience, une vitrine et des outils en improvisation.
Et aussi, le paysage artistique de Québec en est que enrichie par cette diversité sonore comme humaine.

CLH: L’audience ici, est-il différente d’autres audiences de la musique improvisée?

Fred: Difficile à dire, bien sûr si on compare à Montréal, il y a moins de population dans la ville de Québec mais il y a sûrement moins d’évènements d’improvisations.
Je pense que ca ressemble aussi, dans le sens que c’est un mélange d’habitué de la musique expérimentale et de quelques curieux·ses néophytes mais ouvert d’esprit.

CLH: Est ce qu’il y a un rapport entre la musique d’EMIQ et la liberté?

Fred: Oui. Je trouve que le fait que plein de monde de divers horizons crées ensemble, ça donne beaucoup de liberté.
Aussi Rémi, qui est notre „guide·s“ essaye de respecter les envie de liberté de chacun de nous.
Pour sûr, moi je me sens très libre.

CLH: S’il fallait supprimer un de ces trois termes, c’était lequel pour toi?

Fred: Composition. Improvisation. Concept.
Surement „Composition“ meme si pour moi l’improvisation c’est de la composition en instantané.
Car ensemble on parle plus d’improvisation et de concept.

CLH: Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices et qu’est-ce qui les divise.

Fred: La liberté qu’offre l’ÉMIQ, ce désir de s’exprimer dans la spontanéité, entre créateur·ices de tout acabit nous rassemble.
Avec l’ÉMIQ nous somme libre d’aller jouer ou pas, on pourrait dire que ce qui nous divise, ce sont nos horaires ou juste si ça nous tente pas de jouer un soir?
Avec l’ÉMIQ je ne sens pas trop de divisions.
Avec d’autres ensembles, peut-être que les choix d’esthétique ou les façon d’improviser, divise les joueur·euses.
Certains ne jouent qu’avec ceux qui connaissent extrêmement bien le langage jazz, d’autres ne jouent qu’avec les bruitistes et ainsi de suite.

CLH: Quel est ton bruit ou son favori?

Fred: Quand la radio n’arrive pas à syntoniser qu’un seul poste mais en mixe 2 a la fois.
Ça crée de la musique magnifique.

CLH: Ta note favori/une note speciale pour toi

Fred: la „Brown note“

CLH: ton interval favori / un interval special

Fred: l’interval entre 2 silences, un par rapport à l’autre.
Un silence radio et un silence de mort.

LUX


CLH : Quelle est l’identité sonore de l’EMIQ selon toi ?

Lux : Pour moi, qui n’ai pas une grosse formation musicale, c’est une question de liberté, d’écoute et de respect des sons proposés. Il y a quelque chose de très joueur·euses, décomplexé. Ce n’est pas snob, donc très ouvert. Tu peux faire partie de la musique même si tu n’es pas un grand musicien·nes, tant que tu écoutes, que tu respectes, que tu ne veux pas briller plus que les autres. Rémy parle souvent de vibe — je trouve que c’est exactement ça : respect, joie, écoute.

CLH : C’est un collectif ? Une communauté ?

Lux : C’est un ensemble, mais aussi un peu tout ça. Des gens de divers horizons qui se rassemblent par amour pour la musique improvisée. Pour la plupart, ce n’est pas une carrière, c’est une passion. L’impro est encore jeune à Québec. Et les décisions, c’est très organique, pas de hiérarchie stricte.

CLH : Et l’organisation derrière tout ça ?

Lux : Il y a l’organisme Musique Pas d’Air — jeu de mots, bien sûr — qui regroupe les artistes autour de l’EMIQ. C’est un peu underground. Rémy fait beaucoup, mais chacun contribue. Moi, je viens d’intégrer Musique Pas d’Air, mais je joue avec l’EMIQ depuis deux ou trois ans.

CLH : Québec a-t-elle un son particulier pour toi ?

Lux : Oui, c’est un poème urbain. Des bruits de machines, de vitres qui cassent, de construction constante. Il y a cette sensation de mouvement, de création/déconstruction continue.

CLH : Et la géographie de la ville ? Le fleuve, la forme ?

Lux : Oui, Québec est comme une bulle. Pas complètement fermée, mais enveloppée. Ça influence l’énergie. C’est un point de passage : les musicien·nes arrêtent ici entre Montréal et Toronto, ou en revenant d’Europe. Musique Pas d’Air offre même l’hébergement parfois — c’est très punk, autogéré, chaleureux.

CLH : Est-ce que l’activité de l’EMIQ est importante pour Québec ?

Lux : Je ne pense pas que la ville en soit consciente. C’est encore marginal. Mais pour ceux qui participent, c’est vital. Et ça commence à s’imprimer, doucement. Québec est conservatrice au niveau culturel, mais ça change. On atteint plus de monde en croisant les genres, en intégrant poésie, danse, etc. C’est une passerelle.

CLH : Et le public ?

Lux : Très restreint, souvent un cercle d’initié·es. Mais ça pousse vite. Il y a un engouement naissant. Il faut amener les gens avec ce qu’ils connaissent, pour leur faire découvrir l’impro.

CLH : Quel rapport vois-tu entre musique improvisée et liberté ?

Lux : L’EMIQ est conduit de façon très libre. Hier, c’était une première (pour moi) d’avoir une direction comme un chef·fes d’orchestre. Normalement, c’est le chaos, le jeu. Il y a une liberté dans ce chaos. Un objectif atteint sans en être conscient. C’est enfantin, mais pas immature — c’est libre.

CLH : Si tu devais supprimer un des mots : composition, concept, improvisation ?

Lux : Composition.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices·ices ?

Lux : Le besoin de briser l’isolement. Jouer ensemble, c’est sortir de sa bulle, créer une énergie commune, sans jugement. On se prend comme on est, égal à égal.

CLH : Et ce qui peut diviser ?

Lux : Peut-être la pensée. Quand on commence à trop penser, à se comparer, on se déconnecte. Mais quand ça marche, on est juste dans l’émotion, dans la résonance. Il n’y a plus de séparation.

CLH : Ton son favori ?

Lux : L’instant juste entre le bruit intense et le silence. Ce moment où tout s’arrête, mais ça résonne encore. C’est ça qui me fait flotter.

CLH : Une note spéciale ?

Lux : Mi.

CLH : Un intervalle préféré ?

Lux : Do–Mi–Sol. L’accord majeur de base. Sur le piano, c’est simple mais fort.

Rémy Bélanger de Beauport

https://remybelangerdebeauport.com

CLH : Quelle sonorité ou image sonore y a-t-il dans l’EMIQ ?

Rémy : Les masses sonores et les interruptions précises. Je joue aussi avec le GGRIL, l’Ensemble SuperMusique, j’ai joué avec BerIO, ONCEIM… mais l’EMIQ, c’est particulier : on plonge dans une masse orchestrale que d’autres groupes évitent. On est aussi hyper réactif·ives, capables d’attaquer toustes en même temps avec une précision unique.

CLH : Sur un enregistrement, tu reconnaîtrais l’EMIQ ?

Rémy : Non. Et c’est très bien comme ça. On ne cherche pas une identité sonore fixe. L’important, c’est que ça existe, que ça se passe.

CLH : C’est une approche artistique en soi, juste le fait d’être là ?

Rémy : Oui, parce qu’avant l’EMIQ, cette communauté-là n’existait pas. Même si l’EMIQ jouait mal, ça resterait une démarche artistique, celle de créer une communauté, c’est de l’art. Et bien sûr, quand je dirige, ça me ressemble : des masses, des angles, Stockhausen, Xenakis. Et quand d’autres prennent la direction, ça change complètement.

CLH : C’est un collectif ?

Rémy : Non. l’EMIQ, c’est mon orchestre. Je fais tout : administration, affiches, interviews, direction, ramasser les bières renversées. C’est un projet personnel qui crée une communauté. Par contre, Musique pas d’air, l’organisme derrière toute l’organisation de musique improvisée à Québec, c’est un collectif, nous sommes 6 personnes. Mais pour l’EMIQ, c’est moi qui décide.

CLH : Y a-t-il un son typique de Québec ?

Rémy : Pas un son, mais un contexte. Québec est imprégnée d’art performance : des actions absurdes, du feu, des performances bruitistes. Ça influence forcément la musique improvisée. Et c’est aussi la seule scène d’improvisation que je connaisse où il y a autant de personnes queer.

CLH : Et la géographie ?

Rémy : Québec est une ville hostile à l’art. La majorité habite en banlieue, travaille, regarde la télé. Le centre-ville, c’est une bulle. Mais il y a une scène de sous-culture forte, qui existe malgré tout.

CLH : L’EMIQ est-il important pour la ville ?

Rémy : Pour la grande ville de Québec? Non. Pour notre scène, oui. L’EMIQ crée une occasion de se voir, de parler, de créer ensemble. À Québec, les cercles artistiques sont comme fermés : il y a du théâtre, du cirque, des arts visuels et pourtant, on se croise rarement entre les disciplines, on n’est pas au courant des activités des autres. Dans les années ’90, un journal listait tous les évènements sur la même page, mais Facebook a pris le relais, le journal est disparu, et maintenant Facebook est obsolète et il ne reste rien. Musique pas d’air maintient un agenda pour toute la musique nouvelle à Québec, mais les autres scènes m’échappent.

CLH : Le public est différent d’ailleurs ?

Rémy : Pas tant. Un public de musique improvisée, c’est toujours un mélange : jeunes, vieux, universitaires, marginaux. Mais c’est trop blanc à Québec. Ma ville si blanche dans les années ’90 a beaucoup changé, pour le mieux avec toute une diversité culturelle, mais la musique — improvisée, mais aussi classique, rock, etc. — n’a pas suivi le changement. J’ai travaillé pour la parité hommes-femmes dans l’EMIQ, et ça a marché. Pour la diversité culturelle, dans notre public comme dans l’orchestre, je pense que je sais ce qu’il faut faire, mais je n’en ai pas l’énergie pour l’instant.

CLH : Quel est le rapport entre liberté et musique improvisée ?

Rémy : Dans l’EMIQ, chacun peut apporter son propre truc, mais ça reste collectif. Liberté = responsabilité. Chaque musicien·nes est responsable du son de l’ensemble et on sent cette liberté-responsabilité très fort.

CLH : Un terme à supprimer entre composition, concept, improvisation ?

Rémy : Composition.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble et divise les improvisateur·ices ?

Rémy : Ce qui les rassemble : le besoin de ne pas être seuls. Ce qui les divise : le syndrome de l’imposteur. Tout le monde doute de sa légitimité à être là.

CLH : Ton son préféré ?

Rémy : La lampe au sodium dans un stationnement souterrain. Ce bourdonnement jaune… ghzhzhzhzhzh.

CLH : Une note spéciale ?

Rémy : Fa dièse. Sur mon violoncelle, elle sonne plus fort que les autres. Et à la guitare, deux cordes ouvertes par dessus un power chord sur F# est l’accord grunge par excellence.

CLH : Un intervalle ?

Rémy : La seconde majeure. Ça frotte bien. La mineure, c’est trop cliché « film d’horreur ». La majeure reste neutre, statique, suspendue.

EMIQ

https://www.facebook.com/emiq.info/?locale=fr_FR

(Deutsche Version hier)


L’EMIQ (Ensemble de musique improvisée de Québec) est l’orchestre d’improvisateur·ices de la ville de Québec. Fondé en 2017, il est dirigé par Rémy Bélanger de Beauport et regroupe à chaque concert entre 5 et 25 musicien·nes provenant des quatre coins de sa ville, parfois d’un peu plus loin. 

Les concerts de l’EMIQ s’élaborent en fonction du lieu d’accueil, suivant les idées transmises par l’espace : autour du public, au milieu du public, sur une scène, sous un chapiteau, dans chaque cachette d’une église, en marche à l’extérieur, etc. L’EMIQ joue parfois des pièces complètement improvisées avec quelques contraintes, ou se laisse guider par ses nombreuses collaborations notamment avec la danse, la poésie et l’art performance. 

Au niveau du fonctionnement, une invitation à jouer dans l’EMIQ est envoyée pour chaque concert à une liste d’une centaine de musicien·nes soigneusement élaborée par son directeur; chacun·e indique alors sa présence dans un sondage qui devient la liste officielle des membres de l’orchestre pour un concert donné. 

L’EMIQ se caractérise par une intensité de jeu qui réunit autant des musicien·nes professionnel·les de formation que des artistes sonores ou des autodidactes de tous les horizons.

Interviews:


EMIQ (Ensemble de musique improvisée de Québec) (deutsch)


Das EMIQ ist das Orchester der Improvisator·innen der Stadt Québec. Gegründet im Jahr 2017, wird es von Rémy Bélanger de Beauport geleitet und versammelt bei jedem Konzert zwischen 5 und 25 Musiker·innen aus allen Ecken der Stadt – gelegentlich auch von etwas weiter her.

Die Konzerte des EMIQ entwickeln sich jeweils im Dialog mit dem Aufführungsort und folgen den Ideen, die der Raum vorgibt: rund um das Publikum, mitten im Publikum, auf einer Bühne, in einem Zelt, in sämtlichen Nischen einer Kirche, unterwegs im Freien usw. Das EMIQ spielt manchmal vollständig improvisierte Stücke mit bestimmten Vorgaben oder lässt sich von zahlreichen interdisziplinären Kooperationen inspirieren – etwa mit Tanz, Poesie oder Performancekunst.

Die Organisation des Ensembles beruht auf Einladungen, die für jedes Konzert an eine sorgfältig zusammengestellte Liste von etwa hundert Musiker·innen aus Québec verschickt werden. Wer Zeit und Interesse hat, trägt sich in eine Umfrage ein, aus der die endgültige Besetzung für das jeweilige Konzert hervorgeht.

EMIQ zeichnet sich durch eine besondere Spielintensität aus, die sowohl professionell ausgebildete Musiker·innen als auch Klangkünstler·innen und Autodidakt·innen aus verschiedensten Bereichen zusammenführt.

Interviews:

Rémy Bélanger de Beauport

CLH: Welches Klangvorstellung prägt EMIQ?

Rémy: Klangmassen und präzise Unterbrechungen. Verglichen mit GGRIL, Ensemble SuperMusique, BerIO oder ONCEIM, also anderen gr0ßen Gruppen mit denen ich gespielt habe, ist das die Besonderheit von EMIQ: Wir tauchen in eine orchestrale Klangmasse ein, die andere Gruppen eher meiden. Wir sind auch extrem reaktionsschnell, in der Lage, alle gleichzeitig mit einer einzigartigen Präzision einzusetzen.

CLH: Würdest du EMIQ auf einer Aufnahme wiedererkennen?

Rémy: Nicht unbedingt. Und das ist gut so. Wir streben keine feste klangliche Identität an. Wichtig ist, dass es existiert, dass es passiert.

CLH: Ist allein das Dabeisein schon ein künstlerischer Ansatz?

Rémy: Ja, denn vor EMIQ gab es diese Community nicht. Selbst wenn EMIQ schlecht spielen würde, wäre es immer noch ein künstlerischer Akt – die Schaffung einer Community ist Kunst. Natürlich spiegelt sich meine Handschrift wider, wenn ich dirigiere: Massen, Ecken, Stockhausen, Xenakis… Aber wenn andere dirigieren, ist alles anders.

CLH: Ist EMIQ ein Kollektiv?

Rémy: Nein. EMIQ ist mein Orchester. Ich mache alles: Verwaltung, Plakate, Interviews, Dirigieren, umgekippte Biere aufwischen. Es ist ein persönliches Projekt, das eine Gemeinschaft erzeugt. Dagegen ist „Musique pas d’air“, die Organisation hinter der Improvisationsmusikszene in Québec, ein Kollektiv – wir sind sechs Leute. Aber bei EMIQ entscheide ich.

CLH: Gibt es einen typischen Klang von Québec?

Rémy: Kein Klang, eher einen Kontext. Québec ist durch Performancekunst geprägt: absurde Aktionen, Feuer, lärmende Performances. Das beeinflusst natürlich die Improvisationsmusik. Außerdem ist es die einzige Szene, die ich kenne, in der so viele queere Menschen aktiv sind.

CLH: Und die Geografie?

Rémy: Québec ist eine kunstfeindliche Stadt. Die meisten wohnen in Vororten, arbeiten, schauen Fernsehen. Die Innenstadt ist eine Blase. Aber es gibt eine starke Subkultur, die trotzdem existiert.

CLH: Ist EMIQ wichtig für die Stadt?

Rémy: Für das große Québec? Nein. Für unsere Szene: Ja. EMIQ schafft einen Anlass, sich zu sehen, zu sprechen, gemeinsam etwas zu schaffen. In Québec sind die künstlerischen Kreise wie voneinander isoliert: Theater, Zirkus, bildende Kunst – man begegnet sich selten. In den 90ern gab es eine Zeitung, die alles auf einer Seite aufführte. Jetzt ist Facebook an dessen Stelle getreten – inzwischen muss man dafür bezahlen und so wird es obsolet, es bleibt nichts. Musique pas d’air führt einen Kalender für neue Musik in Québec, aber andere Szenen entgehen mir.

CLH: Ist das Publikum anders als anderswo?

Rémy: Nicht wirklich. Das Publikum für Improvisationsmusik ist immer eine Mischung: jung, alt, akademisch, am Rand. Allerdings, in Québec ist es zu weiß. Meine Stadt war in den 90ern sehr weiß, das hat sich kulturell zum Glück stark verändert. Aber die Musik – improvisiert, klassisch, Rock – hat diesen Wandel nicht mitgemacht. Ich habe an der Geschlechterparität im EMIQ gearbeitet, das hat funktioniert. Bei der kulturellen Vielfalt weiß ich, was zu tun wäre – aber ich habe gerade nicht die Energie dazu.

CLH: Was ist der Zusammenhang zwischen Freiheit und Improvisation?

Rémy: Im EMIQ kann jede Person ihren Input einbringen, aber es bleibt kollektiv. Freiheit heißt Verantwortung. Jede_r ist für den Klang des Ganzen mitverantwortlich, das spürt man stark.

CLH: Welchen der Begriffe würdest du streichen: Komposition, Konzept, Improvisation?

Rémy: Komposition.

CLH: Was vereint und was trennt Improvisierende?

Rémy: Was sie vereint: der Wunsch, nicht allein zu sein. Was sie trennt: das Hochstapler-Syndrom: Jede_r zweifelt an der eigenen Berechtigung, da zu sein.

CLH: Dein Lieblingsgeräusch?

Rémy: Die Natriumdampflampe in einem Tiefgaragenparkplatz. Dieses gelbe Summen … ghzhzhzhzhzh.

CLH: Eine besondere Note?

Rémy: Fis. Auf meinem Cello klingt sie lauter als die anderen. Auf der Gitarre sind zwei offene Saiten über einem Powerchord in Fis der ultimative Grunge-Akkord.

CLH: Ein Intervall?

Rémy: Die große Sekunde. Sie erzeuht eine schöne Reibung. Die kleine Sekunde ist zu klischeehaft „Horrorfilm“. Die große bleibt neutral, statisch, schwebend.

Fred Lebrasseur

CLH: Welcher Klang repräsentiert für dich das Klangbild von EMIQ?

Fred: Ich höre einen langen, frequenzreichen Klang, der sich mit kleinen, vielfältigen, dichten Klängen abwechselt.

CLH: Welche künstlerische Herangehensweise prägt für dich das EMIQ?

Fred: EMIQ wurde von Rémy Bélanger de Beauport gegründet, der es seitdem organisch leitet. Seine Offenheit und sein Wunsch, seine Kunst zu teilen – sowohl mit verschiedenen Musiktypen als auch mit verschiedenen Menschen – prägen das Ensemble. Es spielen dort professionelle Musiker_innen aus experimenteller, improvisierter oder aktueller Musik, aber auch Leute aus Klassik, Jazz, Pop, Rock. Ebenso Musiktherapeut_innen, nicht-professionelle Musiker_innen oder sogar Kinder. Das alles basiert auf Improvisation und ist sehr variabel in der Besetzung – mal fünf, mal 35 Personen.

CLH: Ist EMIQ ein Kollektiv?

Fred: Man könnte sagen, ja. Rémy hat fast immer die Zügel in der Hand – einfach, weil es jemand tun muss. Und er macht das so gut, dass wir ihm gerne vertrauen und er es deshalb weiterhin macht.

CLH: Welches Geräusch ist für dich typisch für Québec?

Fred: Für mich ist es der Klang des großen Schornsteins der Fabrik Daishowa Inc. bzw. Papiers White Birch. Er klingt wie ein gigantisches Didgeridoo. Man hört den sehr tiefen Ton kilometerweit, selbst in einem Tonstudio.

CLH: Beeinflussen Geografie und Gesellschaft hier die Musik von EMIQ?

Fred: Schwer zu quantifizieren, aber ich bin sicher: ja. Künstler_innen aller Sparten beeinflussen und inspirieren sich gegenseitig. Also natürlich auch die Architektur. Aber auch das Umfeld, der kalte und sehr helle Winter, die Nähe zum Fluss, die Mischung aus Stadt und großen Parks wie den Plains of Abraham… Und dass Menschen aus ganz unterschiedlichen musikalischen Hintergründen hier zusammenkommen. Es gibt hier viel weniger hierarchische Strukturen als z. B. in Europa.

CLH: Ist die Arbeit von EMIQ wichtig für Québec?

Fred: Ich finde schon. Insgesamt haben sicher 50 Leute bei EMIQ mitgespielt. Allein für uns Spieler_innen ist es wichtig – es bietet einen verspielten Raum zum Austauschen, Experimentieren, sich begegnen. EMIQ öffnet vielen neuen Musiker_innen Türen, gibt ihnen Erfahrung, Sichtbarkeit und Improvisationswerkzeuge. Und es bereichert die künstlerische Landschaft Québecs – menschlich wie klanglich.

CLH: Ist das Publikum hier anders als anderswo?

Fred: Québec hat weniger Einwohner als Montréal – und bestimmt weniger Impro-Veranstaltungen. Aber ich denke, das Publikum ähnelt sich: eine Mischung aus Szene-Insider_innen und neugierigen, offenen Neulingen.

CLH: Gibt es einen Zusammenhang zwischen der Musik von EMIQ und Freiheit?

Fred: Ja. Die Tatsache, dass so viele Menschen aus unterschiedlichen Richtungen gemeinsam etwas erschaffen, bringt viel Freiheit mit sich. Und Rémy, unser „Guide“, bemüht sich, die Freiheit jedes Einzelnen zu respektieren. Ich persönlich fühle mich hier sehr frei.

CLH: Wenn du einen der Begriffe streichen müsstest – Komposition, Improvisation oder Konzept – welcher wäre es?

Fred: Wahrscheinlich „Komposition“. Auch wenn ich finde, dass Improvisation eigentlich spontane Komposition ist. Aber bei uns geht es mehr um Improvisation und Konzepte.

CLH: Was verbindet und was trennt Improvisierende?

Fred: Die Freiheit, die EMIQ bietet, der Wunsch, spontan zu gestalten, bringt uns zusammen – egal aus welcher Richtung wir kommen. Bei EMIQ kann man kommen oder nicht. Was uns trennt, sind manchmal einfach Terminkalender oder die Lust. Ich spüre bei uns keine großen Trennungen. Bei anderen Ensembles können ästhetische Vorstellungen oder Impro-Stile spalten: manche spielen nur mit Jazz-Profis, andere nur mit Noise-Leuten usw.

CLH: Dein Lieblingsklang?

Fred: Wenn das Radio nicht ganz auf einen Sender kommt, sondern zwei gleichzeitig empfängt. Dabei entsteht manchmal wundervolle Musik.

CLH: Eine besondere Note für dich?

Fred: Die „Brown Note“.

CLH: Ein besonderes Intervall?

Fred: Der Abstand zwischen zwei Arten von Stille – Radiostille und Totenstille.

LUX

CLH: Was ist für dich die klangliche Identität des EMIQ?

Lux: Für mich – ich habe keine große musikalische Ausbildung – geht es um Freiheit, Zuhören und Respekt für die in den Raum gesetzten Klänge. Es gibt etwas sehr Spielerisches, Unkompliziertes. Es ist nicht snobistisch, also sehr offen. Man kann Teil der Musik sein, auch wenn man kein_e große_r Musiker_in ist – solange man zuhört, respektiert, und nicht um jeden Preis glänzen wills. Rémy spricht oft von Vibe – und genau das ist es: Respekt, Freude, Zuhören.

CLH: Ist das ein Kollektiv? Eine Gemeinschaft?

Lux: Es ist ein Ensemble, aber auch irgendwie all das. Menschen mit ganz unterschiedlichen Hintergründen kommen zusammen – aus Liebe zur improvisierten Musik. Für die meisten ist es keine Karriere, sondern eine Leidenschaft. Improvisation ist in Québec noch jung. Die Entscheidungsprozesse sind sehr organisch, es gibt keine strenge Hierarchie.

CLH: Und die Organisation dahinter?

Lux: Es gibt die Organisation Musique Pas d’Air – ein Wortspiel, natürlich – die Künstler_innen rund um EMIQ vereint. Das Ganze ist ein bisschen underground. Rémy macht viel, aber jede_r bringt sich ein. Ich bin erst seit Kurzem Teil von Musique Pas d’Air, aber ich spiele schon seit zwei, drei Jahren mit dem EMIQ.

CLH: Hat Québec für dich einen bestimmten Klang?

Lux: Ja, es ist wie ein urbanes Gedicht. Maschinengeräusche, klirrende Scheiben, ständige Baustellen. Da ist eine Atmosphäre von Bewegung, von beständigem Auf- und Abbau.

CLH: Und die Geografie der Stadt? Der Fluss, die Form?

Lux: Ja, Québec ist wie eine Blase. Nicht ganz geschlossen, aber umhüllt. Das beeinflusst die Energie. Es ist ein Ort des Durchgangs – Musiker_innen halten hier an auf dem Weg zwischen Montréal und Toronto oder wenn sie aus Europa zurückkommen. Musique Pas d’Air bietet manchmal sogar Unterkunft an – sehr punkig, selbstorganisiert, herzlich.

CLH: Ist die Arbeit des EMIQ wichtig für Québec?

Lux: Ich glaube nicht, dass die Stadt das wirklich wahrnimmt. Es ist noch marginal. Aber für die Beteiligten ist es essenziell. Und es beginnt, sich langsam einzuschreiben. Québec ist kulturell eher konservativ, aber das verändert sich. Wenn wir Genres vermischen, Poesie oder Tanz einbeziehen, erreichen wir mehr Menschen. Es wird zur Brücke.

CLH: Und das Publikum?

Lux: Sehr klein, oft ein Kreis von Eingeweihten. Aber es gibt ein wachsendes Interesse. Man muss die Leute mit dem abholen, was sie kennen – und dann zur Improvisation führen.

CLH: Welcher Zusammenhang besteht für dich zwischen improvisierter Musik und Freiheit?

Lux: Das EMIQ wird sehr frei geführt. Gestern war es zum ersten Mal für mich so, dass es eine Art Dirigat gab. Normalerweise ist es Chaos, Spiel. Und in diesem Chaos liegt eine Freiheit. Ein Ziel, das erreicht wird, ohne dass man es merkt. Kindlich – aber nicht kindisch. Einfach frei.

CLH: Wenn du einen der Begriffe streichen müsstest – Komposition, Konzept oder Improvisation?

Lux: Komposition.

CLH: Was verbindet Improvisierende?

Lux: Der Wunsch, Isolation zu durchbrechen. Zusammen zu spielen heißt, aus seiner Blase zu treten, gemeinsam eine Energie zu schaffen – ohne zu werten. Man nimmt einander so, wie man ist, auf Augenhöhe.

CLH: Und was trennt?

Lux: Vielleicht das Denken. Wenn man zu viel denkt, sich vergleicht – dann verliert man die Verbindung. Aber wenn es funktioniert, ist man ganz im Gefühl, im Resonanzraum. Dann gibt es keine Trennung mehr.

CLH: Dein Lieblingsklang?

Lux: Der Moment zwischen heftigem Lärm und Stille. Dieser Übergang, wenn alles stoppt, aber noch nachklingt. Da schwebe ich.

CLH: Eine besondere Note?

Lux: E.

CLH: Ein bevorzugtes Intervall?

Lux: C–E–G. Der einfache Dur-Dreiklang. Auf dem Klavier – schlicht, aber stark.

Raphaël Guay

CLH: Hat das EMIQ für dich ein besonderes Klangbild?

Raphaël: Gute Frage. Ich würde sagen, es geht um klangliche Dichte. Es ist eine kompakte Textur, eine Verdichtung ganz unterschiedlicher Ideen. Das ergibt etwas ziemlich Eigenes.

CLH: Ist es eine Kommune, ein Kollektiv?

Raphaël: Für mich ist es etwas Offenes. Von Anfang an war das so: keine verschlossenen Türen. Ein geteiltes Projekt, das einladend ist.

CLH: Und Rémy – hat er das gegründet?

Raphaël: Ich denke, ja. Am Anfang waren es Gemeinschaftsaktivitäten, offen für alle. Nach und nach wurde daraus ein richtiges Ensemble. Es begann mit Workshops, dann entstanden daraus eigenständige Projekte.

CLH: Siehst du darin eine künstlerische Herangehensweise?

Raphaël: Ja, absolut. Die Identität liegt genau in dieser Mischung – wie erfahrene Musiker_innen auf unerwartete Klänge reagieren. Das ist kreativ und lebendig.

CLH: Und ist das für erfahrene Musiker_innen nicht auch anstrengend?

Raphaël: Nein. Es spielt keine Rolle, von wem ein Klang kommt – jeder Klang ist eine Herausforderung. Meine Aufgabe ist es, ihn zu veredeln, ihm Bedeutung zu geben. Für mich ist das kein Problem. Das Ergebnis verändert sich, aber der Prozess bleibt derselbe.

CLH: Gibt es für dich einen typischen Klang oder eine typische Atmosphäre von Québec?

Raphaël: Ich habe nicht wirklich darüber nachgedacht… aber was mich immer fasziniert hat, ist die Kanone der Zitadelle oben in der Stadt. Wenn sie feuert, fliegen die Vögel auf, und die Kirchenglocken antworten. Das ist wie eine besondere Klangsequenz von Québec.

CLH: Beeinflusst die Geografie die Musik hier?

Raphaël: Vielleicht. Es gibt historisch die Oberstadt – das Bürgertum – und die Unterstadt – das Volk. Und die improvisierte Musik passiert in der Unterstadt. Oben ist es eher klassisch. Das hat sicher Einfluss auf die Orte und wer mitmacht. Diese Trennung ist hier sehr präsent.

CLH: Ist das EMIQ wichtig für die Stadt?

Raphaël: Ja, ich denke schon. Als ich angefangen habe, gab es kein Ensemble dieser Art. Es bringt neue Impulse, vereint Menschen. Früher bestand die Improszene in Québec aus kleinen, isolierten Initiativen.

CLH: Und das Publikum hier – ist es anders als in Montréal oder Rimouski?

Raphaël: Schwer zu sagen. Es sind oft dieselben Leute, die wiederkommen. Es gibt etwas Überschneidung mit anderen Szenen, aber nicht vollständig. Vielleicht überschneiden sich 30 bis 50 %. Die Menschen, die kommen, sind neugierig, offen. Es ist nicht das typische Publikum für zeitgenössische Musik.

CLH: Gibt es für dich eine Verbindung zwischen improvisierter Musik und Freiheit?

Raphaël: Ja. Ich glaube, improvisierte Musik zeigt, dass Freiheit nichts Gefährliches ist. Das ist eine starke Aussage. Manche Menschen können damit nicht umgehen – ich habe Leute gesehen, die gegangen sind, weil sie zu aufgewühlt oder überfordert waren. Aber für jene, die bleiben, bricht es Grenzen auf. Und es zeigt, dass Freiheit eine Gemeinschaft entstehen lassen kann.

CLH: Wenn du einen der Begriffe streichen müsstest – Komposition, Improvisation oder Konzept?

Raphaël: Komposition, denke ich. So wie ich den Begriff verstehe, würde ich den weglassen.

CLH: Was verbindet oder trennt Musiker_innen im EMIQ?

Raphaël: Das Gemeinschaftsgefühl verbindet. Der Wille, etwas gemeinsam zu erschaffen. Was trennt, ist, dass wir alle unterschiedliche Ideen davon haben, was Musik sein soll. Aber genau das macht auch die Vielfalt aus.

CLH: Gibt es manchmal Spannungen?

Raphaël: Ich habe keine wahrgenommen. Vielleicht bin ich naiv, aber ich habe keine Lagerbildung gesehen. Die Menschen hier sind sehr tolerant, finde ich.

CLH: Dein Lieblingsklang?

Raphaël: Ich mag klingende Metalle. Momentan ist das mein Ding. Aber ich habe keinen festen Lieblingsklang.

CLH: Eine besondere Note?

Raphaël: Nein, ich glaube nicht. Ich arbeite eher relativ – ich hänge mich nicht an eine Note.

CLH: Dein bevorzugtes Intervall?

Raphaël: Die kleine Terz. Ich finde, sie wird zu oft übersehen. Mit Glocken ist sie ein instabiles Intervall – mal groß, mal klein. Das erzeugt wunderschöne Farben.

François Paquet

CLH: Hat das EMIQ eine eigene Klangfarbe oder ein bestimmtes Klangbild? Könnte man es auf einer Aufnahme erkennen?

François: Ich denke schon, und das liegt vor allem an der Vielfalt der Musiker_innen. Wir haben Leute mit ganz unterschiedlichen Hintergründen: Free Jazz, Klassik, Rock, Performance, Autodidakt_innen oder hoch ausgebildete Profis. Diese Mischung prägt den Klang wirklich stark. Er verändert sich bei jedem Konzert, weil die Besetzung immer wieder anders ist. Es ist nie dieselbe Gruppe von Menschen, also ist auch die Musik jedes Mal neu und unvorhersehbar.

CLH: Und trotz dieser Vielfalt – ergibt sich daraus eine Identität?

François: Genau das ist die Identität: dass es keine feste Formel gibt. Das macht das Ganze einzigartig.

CLH: Was macht für dich einen guten oder schlechten Abend aus?

François: Ein guter Abend ist einer, an dem man merkt, dass die Musiker_innen wirklich im Dialog sind. Aber selbst ein schwieriger Abend kann wichtig sein – er bringt Fragen und Reflexionen mit sich. Auch das Publikum spielt eine Rolle in dieser Interaktion.

CLH: Was ist für dich die künstlerische Identität von EMIQ?

François: Für mich ist es ein Werkzeug der Öffnung. Es ist inklusiv, es macht improvisierte Musik zugänglich – für Musiker_innen ebenso wie fürs Publikum. Ich sehe es als pädagogisch, im Sinne von „etwas entdecken lassen“, nicht im Sinne eines festgelegten Wissens. Selbst erfahrene Musiker_innen lernen hier etwas.

CLH: Und der kollektive Aspekt?

François: Klar, Rémy ist der Motor des Ganzen, aber es ist offen. Wenn ich ein Projekt unter dem Namen EMIQ organisieren wollte, könnte ich das tun. Und mit Musique pas d’air ist es völlig kollektiv und horizontal organisiert.

CLH: Gibt es für dich einen Klang oder eine Stimmung, die Québec repräsentiert?

François: Kein bestimmter Klang, eher eine Atmosphäre: eine brodelnde Ruhe. Es ist eine kleine Stadt, aber mit viel Kreativität. Es ist nie bedrückend, sondern auf menschlicher Ebene. Und auch geografisch hat die Unterscheidung zwischen Ober- und Unterstadt Einfluss auf die kulturelle Organisation – auch wenn sie langsam verschwindet.

CLH: Ist die Arbeit von EMIQ wichtig für die Stadt?

François: Für die „große Stadt“ ist es eher marginal. Aber für die Community ist es zentral. Es schafft einen Ort der Begegnung, es nährt das soziale wie das musikalische Gefüge.

CLH: Und das Publikum in Québec – ist es anders?

François: Es ist eine kleine, sehr treue Szene. In Québec kennt man sich untereinander. Es gibt eine große Nähe, einen einfachen Kontakt mit dem Publikum, der sehr stark ist. Vielleicht ist es weniger anonym als anderswo.

CLH: Welche Rolle spielt Freiheit in dieser Musik?

François: Sie ist grundlegend. Die Freiheit zu spielen, nicht zu spielen, eigene Regeln vorzuschlagen. Selbst wenn man sich Einschränkungen auferlegt, bleibt das ein Akt der Freiheit. Und das macht diese Musik relevant.

CLH: Wenn du einen der Begriffe streichen müsstest – Komposition, Konzept oder Improvisation?

François: Komposition. Das ist der Begriff, der am wenigsten auf EMIQ zutrifft.

CLH: Was verbindet oder trennt Improvisierende?

François: Zuhören – das verbindet. Und was trennt, ist, wenn zwei musikalische Ideen sich nicht begegnen wollen. Aber auch das kann spannend sein. Trennung ist nicht immer etwas Negatives.

CLH: Dein Lieblingsklang?

François: Ein langer, tiefer, körperreicher Ton… ein Klang mit Substanz.

CLH: Eine besondere Note?

François: D. Das ist die einzige, die ich ohne Bezugston erkennen konnte. Vielleicht wegen Bachs Kunst der Fuge.

CLH: Ein Lieblingsintervall?

François: Die reine Quinte. Ich mag ihre Offenheit, ihre Leere. Und als Gitarrist ist sie ein vertrautes, zentrales Intervall.

MMV2005 (MATHIEU 1, MATHIEU 2, VINCENT)

CLH: Gibt es eine Klangvorstellung von EMIQ, eine Art erkennbare Signatur?

Mathieu 1: Es sind oft viele Leute da, jede_r mit seinem_ihrer Instrument, ohne dass jemand bestimmt, wer was tut. Das ergibt eine besondere Klangfarbe, etwas Unbestimmtes, das davon abhängt, wer an dem Tag dabei ist. Die wechselnden Besetzungen sind Teil dieser klanglichen Identität.

Mathieu 2: Selbst wenn nicht immer dieselben Leute spielen, klingt es trotzdem wie dieselbe Gruppe. Es gibt eine gemeinsame Art zu spielen, ein geteiltes Zuhören. Die Leute wissen, wie sie sich einfügen können.

Mathieu 1: Und es gibt eine große Vielfalt an Teilnehmenden – manche kommen aus der klassischen Musik, andere aus der Popmusik, wieder andere sind Improvisator_innen oder Amateure. Das ergibt ganz verschiedene Texturen – manchmal sehr kontrolliert, manchmal roher oder lo-fi. Ich persönlich nehme gern eine zurückhaltende Rolle ein und lasse mich von dem, was um mich herum passiert, mittragen.

CLH: Erlaubt die Praxis des EMIQ, dass jede_r das einbringt, was sie_er hat?

Mathieu 2: Ja, es sind die Menschen, die EMIQ ausmachen. Wenn ich daran denke, denke ich zuerst an Personen, an Gesichter. Wir spielen nur in diesem Kontext miteinander. Und wenn neue Leute dazukommen, integrieren sie sich ebenfalls schnell – selbst wenn die Wechsel langsam stattfinden. Québec ist ein großes kleines Dorf.

CLH: Ist das Bedürfnis zu experimentieren ein treibendes Motiv?

Mathieu 1: Immer. Auch wenn es nicht ausdrücklich gesagt wird – wir kommen hierher, um Dinge auszuprobieren. Zum Beispiel als wir mit einer projizierten grafischen Partitur gespielt haben, die wir vorher nie gesehen hatten. Man musste sie lesen, improvisieren und Rémy folgen. Sehr experimentell und lehrreich.

Mathieu 2: Wir drei kommen aus den visuellen Künsten. Wir lieben es, uns selbst Regeln zu geben, um die Improvisation anzuregen. Und wir machen das auch weiter mit dem EMIQ. Ich spiele fast nie zweimal dasselbe Instrument. Ich berühre gern alles – so experimentiere ich.

CLH: Ist EMIQ ein Kollektiv mit einer Leitung?

Vincent: In einer großen Gruppe ist es schwer, ohne jemanden, der eine Richtung vorgibt. Jemand wie Rémy hilft mit seinen Interventionen sehr. Er hat das Projekt initiiert, aber die Ausrichtung bleibt offen und frei.

Mathieu 2: Wenn er dirigiert, spürt man, dass er etwas Bestimmtes sucht. Und es ist schön, Teil dieser Suche zu sein.

Mathieu 1: Er kennt die verschiedenen Spielweisen der Leute sehr gut. Selbst wenn jemand anderes die Leitung übernimmt – wie du neulich – ist das spannend. Vorgaben können von überall kommen.

CLH: Gibt es einen typischen Klang von Québec? Eine bestimmte Atmosphäre?

Mathieu 2: Nicht wirklich. Es ist nicht wie in einer großen Stadt mit ständigem Geräuschpegel. Es hängt vom jeweiligen Viertel ab.

Mathieu 1: Vor ein paar Jahren hieß es, Québec sei die Stadt des Metal. Es gab viele Konzerte in kleinen Bars. Das ging eine Zeit lang zurück, aber Leute wie Rémy und andere Kollektive bringen es zurück.

CLH: Ist es wichtig, dass es EMIQ in Québec gibt?

Mathieu 2: Ja. Es schafft Brücken zwischen verschiedenen künstlerischen Szenen. Ohne das bliebe jede_r in seiner_ihrer Blase – Musik, Poesie, bildende Kunst begegnen sich sonst kaum.

Mathieu 1: Es zieht auch Leute mit alternativen Lebensstilen an – vielleicht weniger jene, die im klassischen 9-to-5-Rhythmus leben. Und es erlaubt auch Menschen, die sich nicht trauen, vor großem Publikum zu spielen, mitzumachen.

CLH: Und das Publikum?

Mathieu 2: Meistens sind wir selbst das Publikum! Und unsere Freund_innen. Aber bei größeren Events kommen mehr Leute. Menschen jeden Alters, Neugierige, Stammgäste und Leute aus der Szene.

CLH: Was bedeutet Freiheit in dieser Praxis?

Mathieu 1: Freiheit ist, kommen zu dürfen oder auch nicht. Es gibt keinen Zwang, keinen Ausschluss. Das ist kostbar.

Vincent: Und wenn man kommt, kann man auch einfach zuhören, ein Objekt manipulieren, ein Gedicht vorlesen. Man muss seine Freiheit nicht beweisen. Es ist eine geteilte, nicht demonstrative Freiheit.

CLH: Wenn man einen Begriff streichen müsste – Komposition, Improvisation, Konzept?

Mathieu 1: Komposition!

CLH: Was verbindet Improvisierende?

Mathieu 2: Die Freude am gemeinsamen Moment. Selbst wenn man vorher oder nachher kaum spricht – man teilt etwas. Wie ein Ritual.

Vincent: Es ist wie in die Kirche gehen. Man kommt, spielt, redet ein bisschen, und geht wieder. Das ist die Verbindung.

CLH: Was bringt euch „aus dem Spiel“?

Mathieu 1: Manchmal, wenn jemand zu viel Raum einnimmt. Aber das ist nicht unbedingt negativ. Man muss den Raum leben lassen. Akzeptieren, dass man nicht immer im Zentrum steht.

Vincent: Zu viel Wille oder Kontrolle kann das Zuhören zerstören. Ich mag, wenn zerbrechliche Dinge auftauchen. Klänge, die gerade erst entstehen oder kurz vorm Verschwinden sind.

CLH: Was ist dein Lieblingsklang, aktuell?

Mathieu 1: Im Moment: eine Saite ganz leise anreißen, die Bewegung wiederholen. Wie eine Meditation.

Vincent: Zerbrechliche, prekäre Klänge. Die, die kaum existieren. Mein kleines Nirvana.

Mathieu 2: Die Stille hinter meinem Haus seit meinem Umzug. Eine echte Stille.

CLH: Lieblingsnote oder -klang?

Mathieu 2: E. Einfach, poppig, zugänglich.

Vincent: Eine unbestimmte Note irgendwo auf dem Gitarrenhals. Ein Spielort, mehr als ein Name.

Mathieu 1: Ich liebe die Note, die eine Auflösung andeutet, aber sie nicht bringt. Die, die überrascht.