eine musikalische Forschungsreise zur Improvisierten Musik in Quebec

Im März und April 2025 besuche ich Rimouski, Quebec und Montreal um mit den dort ansässigen Ensembles GRRIL, EMIQ, Bakarlari, SuperMusique zu arbeiten und zu erfahren, was ihr spezifischer Ansatz der Improvisation ist. Die Ergebnisse meiner Reise fließen in ein Konzert, das mit Mitgliedern aus allen genannten Ensembles in der Chapelle St.Hilda, in Montreal, aufgeführt wird.
Kling Improvisation in Rimouski anders als in Quebec oder Montreal? Wie wird sie eingesetzt, nur pur oder als Strategie. Sind die Improvisierenden kreative Interpreten oder Puristen der freien Improvisation. Wie unterscheiden sich die Ensembles GGRIL, EMIQ, Bakarlari und SuperMusique von einander.
Im Blog findet Ihr Interviews mit Musiker*innen aus den Ensembles
GGRIL, Eric Normand

CLH : Quelle est la sonorité du GGRIL ?
Éric : Il y a quelque chose d’un cirque et d’une fanfare. C’est bruyant, collectif, sans quête de soliste. C’est une force et parfois une contrainte. Le groupe est hétéroclite, avec des musiciens professionnels et d’autres non. Il faut toujours trouver un équilibre dans l’approche, sinon on risque de perdre des membres. Le GGRIL évolue selon ceux qui s’y investissent, qui proposent des projets et influencent la direction musicale.
CLH : Le GGRIL est-il un collectif ? Qui est le chef ?
Éric : En théorie, il n’y a pas de chef. Mais en réalité, les prises de décisions créent un leadership naturel. Si personne ne décide, rien ne se passe. J’ai pris ce rôle à certains moments, puis je me suis effacé. D’autres, comme Isabelle, Rémy ou Clarisse, ont été très impliqués à différentes périodes.
CLH : Peut-on parler de catalyseurs plutôt que de chefs ?
Éric : Oui, c’est souvent par les choix artistiques que le son du groupe est orienté. Le GGRIL mélange des autodidactes et des musiciens académiques, des guitares électriques et des instruments bricolés avec des cordes classiques. Ce contraste fait partie de l’identité du groupe.
CLH : Y a-t-il un son typique de Rimouski ?
Éric : La mer. Elle peut être calme ou puissante. Le vent et le bruit blanc de l’hiver influencent aussi notre écoute. Dans la neige, certaines fréquences ressortent différemment. Ce sont des sons physiques qui me touchent profondément.
CLH : Cette présence de la mer et du vent s’imprime-t-elle dans votre musique ?
Éric : Oui. Quand on travaille en studio, on sort, et là pfffffffff. Ces sons nous habitent forcément.
CLH : Votre activité est-elle importante pour Rimouski ?
Éric : Oui, le GGRIL existe depuis 20 ans et a vu plusieurs générations de musiciens passer. Quand on a commencé, le conservatoire n’avait aucune ouverture pour ces musiques-là. Maintenant, ils n’ont plus le choix.
CLH : Le public ici est-il différent d’ailleurs ?
Éric : Globalement, c’est toujours 30 personnes partout dans le monde. Mais depuis la COVID, c’est plus difficile. En Europe occidentale et aux États-Unis, le public vieillit, alors qu’en Europe de l’Est, il y a encore beaucoup de jeunes. À Rimouski, c’est plus difficile à cerner, on a vu tellement de vagues différentes.
CLH : Dans les petites villes, les spectateurs ne sont pas forcément des musiciens spécialisés…
Éric : Oui, c’est un public plus diversifié. Il y a des habitués qui viennent souvent mais n’écoutent jamais ce genre de musique chez eux.
CLH : As-tu remarqué des différences dans le public ailleurs ?
Éric : Une fois à Helsinki, j’ai joué devant un public entièrement masculin, presque tous blancs. La musique improvisée reste encore un milieu peu mixte, même si ça évolue lentement.
CLH : Quel est le lien entre le GGRIL et la liberté ?
Éric : La liberté est un grand mot. Beaucoup croient que liberté = chaos, mais au contraire, l’improvisation exige de l’écoute et une forme de discipline collective. La vraie liberté, c’est pouvoir faire des choix, pas juste jouer n’importe quoi.
CLH : Si tu devais supprimer un des trois termes – composition, improvisation, concept – lequel choisirais-tu ?
Éric : Composition, même si on en fait beaucoup.
CLH : Où est la frontière entre improvisation et concept ?
Éric : C’est flou. Quand on définit des règles de jeu, on crée un cadre. C’est comme un match de baseball : on connaît les règles, mais pas le score final. Plus les règles sont claires, plus on peut s’exprimer librement.
CLH : Qu’est-ce qui unit les improvisateurs ? Et qu’est-ce qui les divise ?
Éric : Ce qui nous unit, c’est l’habitude. Quand on tourne plusieurs jours d’affilée, une énergie s’installe. Avant, on répétait tous les mois, maintenant c’est plus sporadique. Ce qui nous éloigne ? Le professionnalisme. Tout le monde doit courir après les cachets, trouver des contrats, composer pour des films. Jouer pour le plaisir devient rare, sauf si on a un financement.
CLH : Quel est ton son préféré ?
Éric : Étonnamment, j’adore les sons très aigus et tenus, comme les ondes sinusoïdales ou les piccolos. Ils ont une résonance physique, presque hypnotique.
CLH : Une note spéciale ?
Éric : Pour moi, en tant que bassiste, c’est le 60 Hz , le la grave de l’électricité. Quand j’étais en Australie, où la fréquence est à 50 Hz, ça me déstabilisait ! J’ai même composé une pièce autour de cette fréquence.
CLH : Un intervalle favori ?
Éric : La quinte diminuée.