LUX


CLH : Quelle est l’identité sonore de l’EMIQ selon toi ?

Lux : Pour moi, qui n’ai pas une grosse formation musicale, c’est une question de liberté, d’écoute et de respect des sons proposés. Il y a quelque chose de très joueur·euses, décomplexé. Ce n’est pas snob, donc très ouvert. Tu peux faire partie de la musique même si tu n’es pas un grand musicien·nes, tant que tu écoutes, que tu respectes, que tu ne veux pas briller plus que les autres. Rémy parle souvent de vibe — je trouve que c’est exactement ça : respect, joie, écoute.

CLH : C’est un collectif ? Une communauté ?

Lux : C’est un ensemble, mais aussi un peu tout ça. Des gens de divers horizons qui se rassemblent par amour pour la musique improvisée. Pour la plupart, ce n’est pas une carrière, c’est une passion. L’impro est encore jeune à Québec. Et les décisions, c’est très organique, pas de hiérarchie stricte.

CLH : Et l’organisation derrière tout ça ?

Lux : Il y a l’organisme Musique Pas d’Air — jeu de mots, bien sûr — qui regroupe les artistes autour de l’EMIQ. C’est un peu underground. Rémy fait beaucoup, mais chacun contribue. Moi, je viens d’intégrer Musique Pas d’Air, mais je joue avec l’EMIQ depuis deux ou trois ans.

CLH : Québec a-t-elle un son particulier pour toi ?

Lux : Oui, c’est un poème urbain. Des bruits de machines, de vitres qui cassent, de construction constante. Il y a cette sensation de mouvement, de création/déconstruction continue.

CLH : Et la géographie de la ville ? Le fleuve, la forme ?

Lux : Oui, Québec est comme une bulle. Pas complètement fermée, mais enveloppée. Ça influence l’énergie. C’est un point de passage : les musicien·nes arrêtent ici entre Montréal et Toronto, ou en revenant d’Europe. Musique Pas d’Air offre même l’hébergement parfois — c’est très punk, autogéré, chaleureux.

CLH : Est-ce que l’activité de l’EMIQ est importante pour Québec ?

Lux : Je ne pense pas que la ville en soit consciente. C’est encore marginal. Mais pour ceux qui participent, c’est vital. Et ça commence à s’imprimer, doucement. Québec est conservatrice au niveau culturel, mais ça change. On atteint plus de monde en croisant les genres, en intégrant poésie, danse, etc. C’est une passerelle.

CLH : Et le public ?

Lux : Très restreint, souvent un cercle d’initié·es. Mais ça pousse vite. Il y a un engouement naissant. Il faut amener les gens avec ce qu’ils connaissent, pour leur faire découvrir l’impro.

CLH : Quel rapport vois-tu entre musique improvisée et liberté ?

Lux : L’EMIQ est conduit de façon très libre. Hier, c’était une première (pour moi) d’avoir une direction comme un chef·fes d’orchestre. Normalement, c’est le chaos, le jeu. Il y a une liberté dans ce chaos. Un objectif atteint sans en être conscient. C’est enfantin, mais pas immature — c’est libre.

CLH : Si tu devais supprimer un des mots : composition, concept, improvisation ?

Lux : Composition.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices·ices ?

Lux : Le besoin de briser l’isolement. Jouer ensemble, c’est sortir de sa bulle, créer une énergie commune, sans jugement. On se prend comme on est, égal à égal.

CLH : Et ce qui peut diviser ?

Lux : Peut-être la pensée. Quand on commence à trop penser, à se comparer, on se déconnecte. Mais quand ça marche, on est juste dans l’émotion, dans la résonance. Il n’y a plus de séparation.

CLH : Ton son favori ?

Lux : L’instant juste entre le bruit intense et le silence. Ce moment où tout s’arrête, mais ça résonne encore. C’est ça qui me fait flotter.

CLH : Une note spéciale ?

Lux : Mi.

CLH : Un intervalle préféré ?

Lux : Do–Mi–Sol. L’accord majeur de base. Sur le piano, c’est simple mais fort.