Émilie Fortin

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CLH : Tu penses qu’on pourrait reconnaître Bakarlari à l’écoute ?

Émilie : On reconnaîtrait les solistes, c’est sûr, parce qu’ils ont chacun une voix très forte. Mais en tant qu’ensemble, je ne crois pas encore qu’on ait une signature sonore unifiée.

CLH : Et l’organisation ? C’est un collectif ?

Émilie : C’est moi qui assure la direction artistique, donc j’ai le mot final, mais les idées de tout le monde sont bienvenues. C’est un ensemble de solistes à géométrie variable : les musicien·nes changent selon les projets.

CLH : Y a-t-il un son typique de Montréal pour toi ?

Émilie : Montréal, c’est très expérimental, très électroacoustique aussi. Il y a une vraie diversité. C’est une ville où chacun peut trouver sa scène. C’est plus libre que Toronto ou plus vivant que New York, à mon avis.

CLH : Et cette géographie, cette ambiance, influence votre pratique ?

Émilie : Oui. Montréal attire beaucoup de gens, c’est là que les liens se tissent. Pour moi, c’était « the dream » en arrivant de ma petite ville. On sent vraiment que tout se passe ici.

CLH : Est-ce que Bakarlari est important pour Montréal ?

Émilie : J’ose croire que oui. On est, à ma connaissance, le seul collectif de solistes. L’idée, c’est de donner de l’espace à l’individu, à la co-création avec les compositeurs. Pas juste jouer une pièce, mais vraiment faire un travail de fond, profond, sur l’instrument et la personnalité musicale.

CLH : Et l’identité artistique du groupe ?

Émilie : C’est justement ce mélange entre solo, improvisation, et une mise en scène très réfléchie. On ne fait pas juste une suite de solos comme dans un récital. On crée une expérience : il peut y avoir de la lumière, du visuel, des transitions sans pause, un thème qui relie tout.

CLH : L’audience à Montréal, elle est comment ?

Émilie : Très curieux·ses, mais constituée souvent de musicien·nes. Ici, chaque discipline va voir sa propre scène. Mais il y a un bon croisement entre les scènes contemporaines et improvisées. Et des séries régulières comme Mardi Spaghetti ou Mercredi Musique permettent à une communauté de se développer, souvent plus noise ou DIY que classique.

CLH : Tu dirais que c’est différent d’autres villes ?

Émilie : Oui, Montréal c’est petit, très communautaire. On croise souvent les mêmes personnes. C’est un cercle tissé serré.

CLH : Et le lien entre improvisation et liberté ?

Émilie : La liberté, c’est être soi, se montrer tel qu’on est. En impro, chaque fois c’est une nouvelle rencontre. C’est un espace pour s’exprimer sans se censurer.

CLH : Si tu devais supprimer un des trois termes : composition, concept, improvisation ?

Émilie : J’hésite entre composition et improvisation. Parfois, je trouve que certaines compositions contemporaines sont trop complexes pour être partagées. À l’inverse, l’impro peut être un vrai espace de co-création. Donc, peut-être que je retirerais la composition… mais c’est dur !

CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices ?

Émilie : Le plaisir, le jeu, retrouver une liberté presque enfantine. Ce qui divise ? L’ego. Quand quelqu’un ne laisse pas d’espace aux autres, qu’il n’écoute pas. L’écoute, c’est central.

CLH : Ton son favori ?

Émilie : Le son de de la lame des patins sur la glace.

CLH : Une note spéciale ?

Émilie : Le ré grave à la trompette. Il me donne beaucoup de latitude. Je peux vraiment jouer avec les quarts de tons.

CLH : Un intervalle préféré ?

Émilie : Les septièmes. Surtout mineures, mais ça dépend du contexte.

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