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CLH : Marilène, quelle sonorité est typique pour les improvisations de Bakarlari ?
Marilène : Récemment, on a beaucoup exploré les espaces réverbérants, comme les chapelles. Quelque chose de lourd, large, dans la durée. Et pas mal d’électronique aussi. Mais ça dépend vraiment des projets.
CLH : Et pour l’improvisation en groupe, vous avez une approche particulière ?
Marilène : On travaille souvent avec des compositeur·ices qui écrivent des parties solo, et ensuite on improvise en groupe. Mais c’est encore nouveau pour nous. On est plus habitué·es à la musique écrite. L’impro, on apprend à le faire ensemble. Il n’y a pas encore une seule direction. Emilie serait mieux placée pour en parler, c’est elle qui dirige surtout.
CLH : Et dans la musique, il y a une hiérarchie ?
Marilène : Non, pas du tout. Dans la musique, c’est égal. Pas de chef·fes.
CLH : Y a-t-il un son qui, pour toi, est typique de Montréal ?
Marilène : Le silence après une tempête de neige. Tout est absorbé. Il n’y a plus de réverb. On se sent vraiment québécois dans ces moments-là.
CLH : Est-ce que la géographie influence votre musique ?
Marilène : Oui. La nordicité, le Nord, la noirceur, le temps qui s’étire… tout ça influence notre écoute, notre rapport aux sons, et aux autres aussi.
CLH : Est-ce que l’activité de Bakarlari est importante pour Montréal ?
Marilène : Je pense que oui. Montréal est très ouverte à plein de groupes, mais un collectif de solistes, c’était nouveau. Ça apporte quelque chose.
CLH : Et le public à Montréal ?
Marilène : Ce que j’aime dans l’expérimental, c’est que ça rassemble les scènes francophones et anglophones. Contrairement à la musique classique où c’est assez séparé. C’est un beau mélange ici.
CLH : Quel est le lien entre improvisation et liberté ?
Marilène : C’est essentiel. En impro, j’ai envie de me sentir libre, mais aussi de connecter avec la liberté des autres. En musique écrite, c’est différent. Cette relation-là entre les libertés individuelles, c’est unique à l’impro.
CLH : Si tu devais supprimer un mot parmi composition, concept, improvisation ?
Marilène : Je dirais « concept ». Parce que parfois, le concept est juste un contenant vide.
CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices ?
Marilène : L’écoute. Le moment présent.
CLH : Et ce qui divise ?
Marilène : L’ego. Vouloir briller, jouer sa technique sans écouter… ça isole. Mais il ne devrait pas y avoir de division.
CLH : Ton son favori ?
Marilène : Les whistle tones à la flûte. Des sons doux, entrecoupés, organiques.
CLH : Une note spéciale pour toi ?
Marilène : Le do central. C’est la tonique, ça résonne bien. Satisfaisant.
CLH : Un intervalle particulier ?
Marilène : Peut-être la sixte. Majeure ou mineure. Elle me mélange, surtout selon comment on la pense, par en haut ou en bas, les renversements…