Gabriel Rochette-Bériau

CLH : Y a-t-il une identité sonore propre au GGRIL ?

Gabriel : Oui, mais elle est difficile à définir. Elle a évolué avec le temps et dépend des artistes avec qui on collabore. On oscille entre une approche bruitiste influencée par l’improvisation européenne et une ouverture à la mélodie, sans y être contraints. Ce qui nous caractérise, c’est notre manière d’interagir et d’écouter.

CLH : Êtes-vous un collectif ?

Gabriel : Oui, mais un collectif qui évolue à chaque projet. Aucun concert n’a exactement la même formation. Éric a longtemps été le noyau du groupe, mais ces dernières années, il a décentralisé les décisions. Cela demande une implication collective, ce qui a ses avantages et ses défis.

CLH : Y a-t-il un son qui représente Rimouski pour toi ?

Gabriel : Oui, le son de l’eau. Mais ici, les plages sont rocheuses, alors que là où j’ai grandi, en Côte-Nord, elles sont sablonneuses. Le ressac sur les rochers produit un son plus dur, plus heurté. Ça change complètement l’ambiance sonore.

CLH : Penses-tu que la géographie influence votre musique ?

Gabriel : Forcément. Ce n’est pas toujours conscient, mais on est imprégnés de notre environnement. Rimouski est une petite ville où la communauté artistique est serrée. On se croise, on échange, et ça se reflète dans notre manière de jouer ensemble.

CLH : Quelle est l’importance du GGRIL pour Rimouski ?

Gabriel : Je suis convaincu qu’on apporte quelque chose d’essentiel. On ne cherche pas la reconnaissance, mais il y a une vraie curiosité du public. Les gens veulent comprendre comment fonctionne cette musique, comment elle se construit sans partition.

CLH : Le public ici est-il différent de celui des grandes villes ?

Gabriel : Peut-être. Rimouski est une ville universitaire, mais à échelle humaine. Il y a une curiosité et une ouverture marquées. On joue aussi à Québec et Montréal, et le nombre de spectateur·ices est souvent similaire, malgré la taille de la ville. Ce qui est certain, c’est qu’ici, l’écoute est attentive.

CLH : Quel est le lien entre le GGRIL et la liberté ?

Gabriel : Fondamental. Le GGRIL s’est créé sur cette idée de liberté. D’ailleurs, libre ou libéré fait partie du nom du groupe. Ce qu’on cherche, c’est se libérer des cadres formatés de la musique pour choisir nos propres contraintes.

CLH : Si tu devais supprimer un des trois termes – composition, improvisation, concept – lequel choisirais-tu ?

Gabriel : Composition. On joue souvent des pièces composées, mais on peut aussi s’en passer. L’improvisation est essentielle, et même sans composition écrite, il y a toujours un concept qui guide notre jeu.

CLH : Qu’est-ce qui unit et divise les improvisateur·ices du GGRIL ?

Gabriel : Ce qui nous unit, c’est cette envie de liberté. Ce qui nous divise, ce sont parfois nos interprétations de cette liberté. Il n’y a pas de grandes fractures, mais des petites différences dans la manière d’aborder la musique. Cela dit, ces divergences sont souvent temporaires.

CLH : Qu’est-ce qui crée le contact entre les musicien·nes ?

Gabriel : L’écoute. J’essaie d’être complètement ouvert à ce qui se passe autour de moi, de me laisser guider par l’élan du moment plutôt que par une idée préconçue. L’idéal, c’est de jouer en pensant le moins possible.

CLH : Quel est ton son favori en ce moment ?

Gabriel : Un son cristallin, très aigu, que j’obtiens en frappant légèrement mon embouchure. Bien placé, c’est comme une petite perle sonore qui tombe au bon moment.

CLH : Une note spéciale pour toi ?

Gabriel : Le fa dièse aigu. Comme tromboniste, j’aime jouer grave, mais placer une belle note aiguë bien résonnante est toujours satisfaisant.

CLH : Un intervalle favori ?

Gabriel : La quinte diminuée. C’est un intervalle que j’utilise souvent, il me permet d’explorer différentes tensions harmoniques.

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