Robert Bastien

CLH : Quelle est l’image sonore ou la signature sonore du GGRIL ?

Robert : C’est difficile à dire. Il y a bien sûr une forme de son, mais il n’est pas toujours reconnaissable. Ce n’est pas aussi structuré qu’un ensemble comme SuperMusique. Le GGRIL, c’est plus mouvant, plus fluide, moins fixé. En répétition, on joue souvent cinq fois une même idée, puis en performance, c’est complètement autre chose. L’écoute est centrale.

CLH : Et l’approche artistique ? C’est une combinaison entre vos propres idées et celles des compositeur·rice·s invité·e·s ?

Robert : Oui. Il y en a qui arrivent avec des partitions très écrites, d’autres sont plus ouvertes. Moi, je suis à l’aise avec les partitions graphiques, mais pas avec la lecture traditionnelle. Certains compositeur·rice·s permettent un vrai mélange entre leurs intentions et notre manière de faire.

CLH : Le GGRIL, c’est un collectif ? Une communauté ?

Robert : Oui, c’est un collectif très ouvert. Il n’y a jamais eu de critères pour entrer. Des jeune·s de 17 ans sont venu·e·s jouer. C’est un organisme vivant, une sorte de bibitte musicale. Ça a accueilli tout le monde, sans audition ni test.

CLH : Et Rimouski ? Y a-t-il un son typique pour cette ville ?

Robert : Les gens sont très polis, c’est une différence marquante avec Montréal. Mais si je devais nommer un son, ce serait celui du vent au bord du fleuve.

CLH : Tu crois que la géographie du lieu influence la musique ?

Robert : Oui, mais de façon très subtile.

CLH : Et l’activité du GGRIL, elle est importante pour Rimouski ?

Robert : On joue souvent au „Paradis“, un lieu très ancien et vivant ici. Il y a des gens qui viennent nous voir depuis quinze ans. Est-ce qu’on est important ? Je ne sais pas, mais on est là, on existe.

CLH : Et le public ici ? Il est différent ?

Robert : Ce sont souvent des artistes, des artisan·e·s. Mais à vrai dire, que ce soit à Moncton, à Montréal ou ailleurs, j’ai jamais vu une grande différence. Ce qui m’a marqué, c’est que le GGRIL brise les structures établies. Par exemple, un orchestre en France très hiérarchisé a été complètement déstabilisé en jouant avec nous. Ça a créé quelque chose de nouveau.

CLH : Quel est le rapport entre votre musique et la liberté ?

Robert : Avec le GGRIL, j’ai développé un sentiment d’ouvrier. Je n’ai pas de stress comme avant, où je faisais de la musique formelle. Là, je réponds à une commande, je fais ce que je peux, du mieux que je peux.

CLH : Si tu devais supprimer un des trois mots – composition, improvisation, concept – pour décrire le GGRIL, lequel ?

Robert : Composition. C’est trop encadré.

CLH : Qu’est-ce qui rassemble les improvisateur·ices·rice·s ?

Robert : L’écoute, le regard. C’est ça qui nous met en lien sur scène.

CLH : Et qu’est-ce qui les divise ?

Robert : Peut-être l’ego, mais c’est plus compliqué. L’ego n’est pas un problème si ça n’écrase pas les autres. Ce qui me dérange, c’est quand quelqu’un impose une esthétique très fermée, qui empêche les autres de jouer.

CLH : Ton son préféré en ce moment ?

Robert : Le vent au bord du fleuve. À Saint-Fabien-sur-mer ou au Parc du Bic. Des vagues de vent, parfois intenses, parfois douces.

CLH : Une note spéciale pour toi ?

Robert : Non, pas vraiment évoqué ici.

CLH : Un intervalle favori ?

Robert : Non plus évoqué.

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert