(deutsch s.u.)

CLH : Quelle sonorité ou image sonore y a-t-il dans la musique de SuperMusique ? Est-ce qu’on reconnaîtrait un enregistrement à la radio, par exemple, comme étant de l’Ensemble SuperMusique ?
Jean : C’est difficile à définir. Mais on reconnaît une musique qui implique des improvisateur·rice·s, une musique non écrite, avec un recours à l’improvisation. Ça s’entend, je crois, la différence entre musique écrite et improvisée.
SuperMusique est à mi-chemin : c’est de la composition pour improvisateur·rice·s. Donc oui, cela élimine déjà beaucoup d’ensembles. Et peut-être qu’on pourrait reconnaître. Moi, je crois que je reconnaîtrais.
CLH : Parce que tu connais les musicien·ne·s ?
Jean : Oui. Ce sont les musicien·ne·s qui font la signature. Mais pas toujours dans les pièces : on est plus défini dans l’improvisation libre. Là, chacun·e exprime pleinement sa voix, prend toutes les décisions dans le moment.
Dans les pièces de SuperMusique, on rend aussi la pensée d’un·e compositeur·rice. On est des interprètes. Ce n’est pas exactement la même liberté.
CLH : Donc pour toi, il y a une vraie différence entre improvisation libre et improvisation encadrée ?
Jean : Oui, une différence fondamentale. En improvisation libre, je suis responsable du temps, de mon entrée, de mon jeu. Je peux changer d’instrument, d’approche.
Dans une pièce, je dois jouer selon un jeu proposé. Si on joue aux échecs, on respecte les règles. L’improvisation libre, elle, est ouverte. On pourrait faire n’importe quoi — même si, en fait, on ne fait jamais n’importe quoi. C’est trop difficile !
CLH : Et SuperMusique, c’est une communauté, un collectif ? Qui prend les décisions ?
Jean : Ce sont Danielle et Joane qui assurent la direction artistique. Mais elles désignent aussi d’autres chef·fe·s pour certaines sections ou concerts. C’est dans leur vision de l’ensemble.
Il peut y avoir plusieurs chef·fe·s dans un même concert. Chaque personne peut être désignée pour une section. Mais c’est elles qui encadrent l’évolution de l’ensemble.
CLH : C’est une structure plutôt formelle ?
Jean : Oui, surtout comparé à des séries comme Mercredi Musique, qui n’ont jamais reçu de financement. SuperMusique a un bureau, des personnes salariées, une image graphique.
C’est aussi pour être respecté par les institutions. Le mot “improvisation” est mal vu en politique, il fait peur aux subventionneur·euse·s. Il faut présenter un projet structuré. C’est dommage, mais c’est comme ça.
CLH : Est-ce que Montréal a un son pour toi ?
Jean : Le passage des oies. Et autrefois, le cri de l’engoulevent, un oiseau aujourd’hui en disparition. Ces sons-là sont très montréalais pour moi.
CLH : Est-ce que la géographie ou la société montréalaise s’imprime dans votre musique ?
Jean : Oui. Montréal est une île, on est différent·e·s. C’est souvent en voyageant qu’on s’en rend compte. Les gens ailleurs étaient surpris de notre musique.
La musique actuelle ici mélange les styles, les références — folklore, jazz, humour — c’est moins académique. Mais les styles sont encore compartimentés. Les gens me connaissent comme joueur d’appeaux, de jazz, de musique de film… ça ne connecte pas.
CLH : Est-ce que vous pensez que votre activité est importante pour Montréal ?
Jean : Moi je pense que oui. Mais je ne sais pas si la ville le pense. Parfois, je sens du respect, mais pas d’amour. Comme si on faisait quelque chose de bien, mais qui fait peur. La musique fait peur, parfois.
CLH : Et le public ? Est-ce qu’il est montréalais, ou universel ?
Jean : Il y a un petit public fidèle. À Montréal, les gens sont chaleureux, spontanés. On sent une générosité. À Berlin, Ottawa, New York, c’est plus froid. Moins de retour.
Quand j’ai commencé, il y avait parfois des réactions violentes. Des gens qui coupaient les micros, ou versaient une bière dans le saxophone. Aujourd’hui, c’est plus accepté.
CLH : Quel est le lien entre liberté et la musique de SuperMusique ?
Jean : Les musicien·ne·s sont choisi·e·s pour leur capacité d’initiative. Même dans une pièce composée, on ne suit pas une recette de gâteau. On prend beaucoup de décisions.
Parfois, je me dis : je suis autant compositeur que la personne qui a conçu la pièce. Je remplis les cases avec mon propre langage, mes sons. Mais c’est délicat.
CLH : S’il fallait supprimer un mot : “composition”, “concept” ou “improvisation”, lequel supprimerais-tu ?
Jean : Hmm. C’est un triangle dynamique. Mais si je dois choisir : je supprimerais peut-être concept.
CLH : Qu’est-ce qui rassemble ou divise les improvisateur·rice·s ?
Jean : Iels ne sont pas que musicien·ne·s : il y a aussi des improvisateur·rice·s en danse, en théâtre. Ce qui divise parfois, ce sont les orientations personnelles, les “sous-écoles”, les esthétiques.
Certain·e·s veulent jouer avec tout le monde, d’autres ont plus d’affinités. Il y a des tendances qui émergent, perdent de la vitalité, reviennent. C’est un mouvement constant, selon les désirs, les appétits du moment.
CLH : Questions courtes. Ton son ou bruit favori ?
Jean : Je ne sais pas. Ça dépend du contexte.
CLH : Une note qui est spéciale pour toi ?
Jean : Non, je crois que j’aime toutes les fréquences. Mais si une note me gêne trop… je change d’instrument.
CLH : Un intervalle spécial ?
Jean : Quand j’étais jeune : la septième mineure. À cause du blues. Maintenant : j’aime tous les intervalles.
CLH: Welche Klangfarbe oder welches Klangbild gibt es in der Musik von SuperMusique? Würde man zum Beispiel eine Aufnahme im Radio als SuperMusique erkennen?
Jean: Das ist schwer zu definieren. Aber man erkennt eine Musik, die Improvisator_innen einbezieht, eine nicht vollständig ausgeschriebene Musik, mit Raum für Improvisation. Ich glaube, man hört den Unterschied zwischen komponierter und improvisierter Musik.
SuperMusique liegt dazwischen: Es ist Komposition für Improvisator_innen. Das allein grenzt uns schon stark von vielen anderen Ensembles ab. Vielleicht könnte man es also wiedererkennen. Ich glaube, ich würde es erkennen.
CLH: Weil du die Musiker_innen kennst?
Jean: Ja. Es sind die Musiker_innen, die den Klang prägen. Aber nicht unbedingt in den Stücken – im freien Spiel ist das deutlicher. Da kann jede_r die eigene Stimme voll entfalten, jede Entscheidung im Moment treffen.
In den Stücken von SuperMusique bringen wir auch die Gedanken eines_einer Komponist_in zur Geltung. Wir sind Interpret_innen. Das ist nicht dieselbe Art von Freiheit.
CLH: Also ist für dich der Unterschied zwischen freier und strukturierter Improvisation grundlegend?
Jean: Ja, absolut. In der freien Improvisation bin ich für Zeit, Einsatz und mein Spiel verantwortlich. Ich kann mein Instrument oder meinen Zugang ändern.
In einem Stück spiele ich nach einer vorgegebenen Spielweise. Wenn man Schach spielt, hält man sich an die Regeln. Freie Improvisation dagegen ist offen. Man könnte alles tun – auch wenn man das in Wirklichkeit nie tut. Es ist einfach zu schwer!
CLH: Ist SuperMusique eine Gemeinschaft, ein Kollektiv? Wer trifft die Entscheidungen?
Jean: Danielle und Joane übernehmen die künstlerische Leitung. Aber sie benennen auch andere Leiter_innen für bestimmte Abschnitte oder Konzerte. Das gehört zu ihrer Vision des Ensembles.
Manchmal gibt es mehrere Leiter_innen innerhalb eines Konzerts. Jede Person kann für eine Sektion verantwortlich sein. Aber es sind Danielle und Joane, die den Gesamtrahmen steuern.
CLH: Ist das eine eher formelle Struktur?
Jean: Ja – besonders im Vergleich zu Konzertreihen wie „Mercredi Musique“, die nie Fördermittel bekommen haben. SuperMusique hat ein Büro, bezahlte Mitarbeiter_innen, eine visuelle Identität.
Das dient auch der Anerkennung durch die Institutionen. Das Wort „Improvisation“ wird in politischen und kulturellen Kontexten nicht gern gehört – es macht Fördergeber_innen nervös. Man muss ein strukturiertes Projekt präsentieren. Das ist schade, aber so ist es nun mal.
CLH: Hat Montréal für dich einen typischen Klang?
Jean: Der Zug der Wildgänse. Und früher – der Ruf des Ziegenschlafvogels, ein Vogel, der heute fast verschwunden ist. Diese Klänge sind für mich sehr typisch für Montréal.
CLH: Prägen Geografie oder Gesellschaft Montréals eure Musik?
Jean: Ja. Montréal ist eine Insel – wir sind ein bisschen anders. Meist merkt man das erst beim Reisen. An anderen Orten waren die Leute überrascht von unserer Musik.
Die aktuelle Musik hier vermischt Stile, Referenzen – Folklore, Jazz, Humor – es ist weniger akademisch. Aber die Stile sind trotzdem noch oft getrennt. Manche kennen mich als Spieler von Lockinstrumenten, als Jazzmusiker oder Filmkomponist … das verbindet sich nicht wirklich.
CLH: Denkst du, dass eure Arbeit für Montréal wichtig ist?
Jean: Ich glaube schon. Aber ich weiß nicht, ob die Stadt das auch so sieht. Manchmal spüre ich Respekt, aber keine Liebe. Als würden wir etwas Gutes tun – das aber Angst macht. Musik kann manchmal Angst machen.
CLH: Und das Publikum – ist es typisch Montréal oder universell?
Jean: Es gibt ein kleines, treues Publikum. In Montréal sind die Leute warmherzig, spontan. Man spürt Großzügigkeit. In Berlin, Ottawa oder New York ist es kühler. Weniger Rückmeldung.
Als ich angefangen habe, gab es manchmal heftige Reaktionen. Leute, die das Mikro abstellten oder ein Bier ins Saxophon kippten. Heute wird das mehr akzeptiert.
CLH: Was ist der Zusammenhang zwischen Musik und Freiheit bei SuperMusique?
Jean: Die Musiker_innen werden wegen ihrer Eigeninitiative ausgewählt. Selbst bei einem komponierten Stück folgen wir keinem Kuchenrezept. Wir treffen viele Entscheidungen.
Manchmal denke ich: Ich bin genauso viel Komponist wie die Person, die das Stück geschrieben hat. Ich fülle die Struktur mit meiner eigenen Sprache, meinen Klängen. Aber das ist ein Balanceakt.
CLH: Wenn du einen Begriff streichen müsstest – „Komposition“, „Konzept“ oder „Improvisation“ – welcher wäre es?
Jean: Hm … Es ist ein dynamisches Dreieck. Aber wenn ich muss: Vielleicht würde ich „Konzept“ streichen.
CLH: Was verbindet oder trennt Improvisator_innen?
Jean: Es gibt nicht nur Musiker_innen – auch Improvisation in Tanz oder Theater. Was manchmal trennt, sind persönliche Haltungen, „Sub-Schulen“, ästhetische Vorlieben.
Einige wollen mit allen spielen, andere haben spezifischere Vorlieben. Es entstehen Tendenzen, verlieren an Energie, kehren zurück. Es ist eine ständige Bewegung, je nach Lust und Interessen.
CLH: Kurze Fragen: Dein Lieblingsklang oder -geräusch?
Jean: Ich weiß nicht – es hängt vom Moment ab.
CLH: Eine Note, die dir besonders ist?
Jean: Nein, ich mag alle Frequenzen. Aber wenn mir eine Note zu sehr auf die Nerven geht … dann wechsle ich einfach das Instrument.
CLH: Ein besonderes Intervall?
Jean: Als ich jung war: die kleine Septime – wegen des Blues. Heute? Ich mag alle Intervalle.